Ça faisait longtemps que je n’avais plus du "affronter" cet homme. Quatre ou cinq ans, dirais-je. C’est toujours un réveil brutal. Un réveil brutal pour quelque chose qui ne dort jamais vraiment. Ce truc qui me broie à l’intérieur depuis… D’aussi loin que je me souvienne, en réalité.
Je voudrais qu’il disparaisse de la surface de la terre. Il ne me fait plus peur. Pendant longtemps, il m’a fait peur, mais à l’heure actuelle, il ne me fait plus peur, non. Il me fait du mal, malgré lui, sans doute. J’ai bien vu sa gêne, hier. J’ai bien vu qu’il s’est senti "en danger", "à découvert". Peut-être qu’il regrette. Peut-être qu’il se sent réellement désarmé lorsqu’il croise l’un d’entre nous.
Je ne sais pas pourquoi je lui cherche des excuses.
J’ai très mal dormi. Cette faiblesse, elle est beaucoup plus forte que moi. Cette cicatrice, elle reste quelque chose qui me ramène à mon évidence. Quand j’étais petite, il m’a rendue plus petite encore. Il a brisé ma croissance psychologique et la faille reste en moi. L’écho de cette déchirure d’antan...
J’écris brouillon. Le souvenir m’a rendue brouillonne. J’ai mal dormi. Je suis fatiguée.
J’en ai marre de ces failles. Je voudrais les colmater. Je voudrais en prendre le contrôle. Je voudrais qu’elles ne me fassent plus défaut. Je voudrais réussir à ne plus être une victime face au passé. Parce que ça ne mène à rien. Ca ne m’apporte rien. C’est ridicule.
En violant mon corps et mon âme d’enfant, il m’a marquée au fer rouge. Il a ancré une faiblesse insurmontable partout en moi. C’est un poison, un poison vicieux qui se répand périodiquement. Un poison qui brûle toutes les ondes positives qui virevoltent en moi en un instant. Il suffit d’un rien, d’une parole, d’une image qui en appelle à un souvenir ou, pire, comme hier, de la confrontation inévitable avec le responsable. Et le poison prend ses quartiers. Il s’invite sans mandat, étouffe tout ce que je me bas à être pour ne laisser que la petite fille fragile, tapie dans l’ombre de mes pensées.
Je voudrais avoir la capacité de suppression d’information d’un système d’exploitation informatique. Comme papa me le disait quand j’étais gosse/ado. Oublie. Efface. Corbeille.
J’ai rien eu… J’oublie. J’efface. Corbeille.

Bien à Vous.

Malika