Malika Intimity...

La suite...

Maman… Ça a commencé par un SMS reçu hier dans la matinée : "Ma chérie, pourrais tu me prêter 50 ou 100, je te les rendrais à la fin de la semaine." Ça m’a estomaquée, j’ai réfléchis vite fait, un petit calcul à la va vite : 6 ans… Cela fait presque 6 ans que je suis indépendante de ma famille, que je vis seule ou en couple et que je dois gérer mes rentrées et sorties d’argent. 6 ans que je me dis que si elle me demandait… Elle ne m’a jamais demandé. JAMAIS ! Pas une seule fois elle ne m’a demandé de l’aide en 6 ans ! Et hier, elle l’a fait. J’ai conscience d’à quel point ça doit être difficile, douloureux et humiliant, en tant que mère, de demander de l’argent à ses enfants. Je me projette en quelques secondes dans 20 ans et m’imagine en train d’adresser cette demande à MA fille… C’est inimaginable. J’ai pris conscience a quel point cette demande à du lui demander beaucoup de ravalement de fierté et donc de souffrance. Je m’en veux presque, de lui infliger ça de part mon statut…

J’ai dû répondre que je ne les avais pas dans l’immédiat parce que j’attend de toucher mon salaire… J’imagine, en envoyant ce SMS, le retour de poignard que ça a dû être également… Avoir le "courage" de se rabaisser à demander de l’argent à sa fille pour essuyer un refus… Je m’en voulais encore plus. Mais la vérité est ce qu’elle est : je ne les ai pas…

Elle me répond que c’était juste pour remettre du mazout pour avoir de l’eau chaude, pour recharger son compteur (à carte) électrique et pour manger mais "c’est pas grave, on trouvera bien, ne te tracasse pas"...
J’ai eu envie de pleurer ! Merde ! Je ne peux pas être égoïste. Elle en a besoin. Je lui propose alors d’aller les chercher pour qu’ils mangent à la maison ou bien de lui apporter à manger de chez moi. Je lui propose de venir prendre une douche à la maison. Elle me dit non, mais me dit qu’elle a besoin de me voir. La petite était toujours chez mes beaux-parents, ils devaient me la ramener vers 17h. Je lui ai donc promis que je viendrai vers 17h30 - 18h avec la petite.

Je suis arrivée, la petite était assez difficile parce qu’elle n’avait pas dormi suffisamment, du coup j’étais plus occupée par les râleries de la miss que par Maman. Au bout d’un moment, je lui demande quand même comment elle va. Elle me répond par une question : est-ce que j’ai eu des nouvelles de mon frère et de ma sœur ? Heuuu… Des nouvelles qui la concernent elle, non… Elle me parle alors des dettes contractées par mon frère dans les bus et les trains en ne payant pas ses déplacements. Dettes qui lui sont directement réclamées puisqu’elle est toujours "l’autorité parentale" du gamin… Et là elle me dit, les larmes au bord des yeux : "J’ai essayé de le suicider, j’ai bouffé 14 valium. Je ne voulais plus penser..."

J’ai été partagée entre des tas d’envies et d’émotions… Envie de la frapper, de la secouer, de pleurer avec elle… Envie de la serrer dans mes bras, de lui dire que ça va aller, que ça va passer, qu’il faut tenir le coup. Que la vie est parfois vraiment compliquée, mais qu’on ne peut pas tomber plus bas que terre… Envie de lui rappeler mon existence, celle de ma fille. Lui rappeler son importance pour nous… Je n’ai rien dit, rien fait. Je l’ai juste longuement regardée en silence pendant que ce lot d’émotion se bousculait en moi. Elle m’a dit qu’elle avait passé une nuit à l’hôpital, mais que ça allait, que je ne devais pas me tracasser…

Que faire ? ! Je n’en ai pas la moindre idée… À force d’avoir préféré me préserver et m’éloigner de mes souffrances, à force d’avoir préféré quitter ma place de girouette au sein de cette famille, je ne sais plus du tout que faire… Je ne suis même pas partagée entre plusieurs possibilités, je n’en vous simplement pas une seule…

Je suis perdue et effrayée par demain…

Bien à Vous.

Malika