Hier, j’ai parlé de l’enfer de la cour de récré… Mais ma vie d’enfant ne s’est pas résumée qu’à ça, et heureusement… Certe, j’étais une petite fille timide, fragile et renfermée… J’étais une petite fille très lente à l’école, parce que j’étais toujours un peu ailleurs, dans les nuages… Je me souviens d’une activité de la classe, en première ou deuxième primaire qui consistait à ce que chaque élève se fasse définir par une image par les autres élèves… À l’unanimité, j’étais le nuage…

Cette petite fille que j’étais était aussi très peureuse et a gardé pendant longtemps le sentiment d’être inférieure aux autres… J’avais l’impression que face aux étrangers, aux autres enfants, j’étais minable… Je ne sais pas vraiment pourquoi… Était-ce un trait ancré de ma personnalité ou bien était-ce une conséquence directe des gestes de ce tonton, une conséquence inconsciente ? Je ne le saurai sans doute jamais…

Et donc au-delà de cette enfant tourmentée, j’étais aussi une petite fille heureuse et comblée, à la maison, avant le café… Je me souviens de parents qui s’aiment et rient, je me souviens de souper de famille agréables, je me souviens de déjeuners d’été dans le jardin…

Je me souviens de leur ruse de pâques… Un an sur deux, l’un d’eux nous occupait pendant que l’autre "accueillait" les cloches, la petite poule ou le lapin - comme vous voulez - dans le jardin… Quand Papa nous occupait, on allait promener dans les bois du village et quand c’était Maman, on avait le droit d’ouvrir sa boîte à bijoux et elle nous racontait les histoires de ses tresors… Ce souvenir est sans aucun doute l’un des plus beaux souvenir de mon enfance…

Je me souviens aussi de l’arbre, le cerisier, dans notre jardin… C’était la "cabane" de ma sœur… Elle grimpait dedans tel un chimpanzé, c’était son domaine, son oxygène… Et un jour, moi aussi j’ai été assez grande que pour atteindre la première branche et y escalader à mon tour… J’entrais dans son monde et c’était magique…

Je me souviens des glaces du marchand de glace… Je me souviens des veilles de Saint-Nicolas et de la difficulté de s’endormir en sachant que le grand bonhomme et son âne allait s’aventurer dans notre maison… Je me souviens de mon émerveillement bien réel, au petit matin, en découvrant la poupée dont je rêvais depuis des semaines sur la table de la salle à manger, avec une assiette débordante de bonbon…

Je me souviens d’une enfance douce et apaisante dans un cocon d’amour invulnérable…

Et puis à 10 ans, dans la chute de ma famille, j’ai grandi… Je crois que leur destruction m’a forcé à quitter l’enfance…

Je veux offrir à ma fille des délicieux souvenirs tels que ceux qui baignent dans ma mémoire… Je ne veux pas qu’un jour elle voit son enfance s’envoler dans nos erreurs… L’enfance, c’est magnifique !

Bien à Vous.

Malika