Malika Intimity...

L'Adolescente... (Chapitre 4)

Et donc j’en étais là. Paumée, fragile, brisée et rebrisée à plusieurs reprises, déjà, dans ma courte vie...
En première rénovée, j’avais surtout une bonne copine. On était dans la même classe et elle était gentille avec moi. Les autres me supportaient. Quand il fallait… J’étais la bête noire. La fragile, la blessée tellement facile à briser encore. À la maison, enfin, aux maisons, j’étais tout autant fragile.

Chez Papa, le tyran m’effrayait. Je ne savais jamais comment me comporter. Elle était parfois tellement gentille et parfois tellement abominable ! Elle m’a "gracieusement" offert les vêtements qu’elle portait adolescente. C’était plus facile et moins cher que d’aller m’en racheter… Et puis Papa ne touchait pas d’argent pour moi, alors pourquoi aller me rhabiller, voyons ?

Elle m’obligeait à porter ses horribles vêtements. Trop grands. Délavés. Démodés. Horribles ! Je me souviens d’une horrible veste blanche, au moins 2 tailles au dessus de la mienne, usée, qu’elle me forçait à mettre. C’était facile. Elle me prenait les vêtements qui venaient de chez Maman pour les "laver" parce qu’ils "étaient sals" et "puaient" (toutes les semaine !!) et m’obligeait donc à porter ses vieilleries "parce qu’il faisait froid, que je DEVAIS porter une veste..." En fin de semaine, elle me rendait mes vêtements (souvent pas lavés, elle n’avait pas eu le temps...) et me demandait de laisser ses immondes loques (qu’elle appelait les "bons vêtements") chez eux parce que "Ma Mère n’a qu’à se démerder"

Lorsque mes "copines" me voyaient arriver dans ces horreurs, je me souviens de la honte, de la lourdeur dans mes pas, redoutant leurs regards moqueurs et rieurs… Elles me lançaient des méchancetés débiles du genre "mon arrière grand mère n’aurait pas porté ça !"

Et moi j’en souffrais. Je n’essayais pas de répondre. Il n’y avait rien à répondre, elles avaient raison ! ! Les gens de l’école s’embrassaient le matin pour se dire bonjour. Bien souvent, arrivés à ma hauteur, ils s’esquivaient et passaient à la personne suivante. J’étais transparente. J’étais de la déco vintage et inutile dans leur décor d’écolier… Et je souffrais.

Je me souviens d’un journal tenu à cette époque (que je n’ai sans doute plus...) dans lequel je dessinais une jeune fille avec la tête arrachée, j’écrivais que je voulais mourir, que j’étais moche, conne et que je ne servais à rien… J’aurai pû… J’aurai pû, dans mon supplice, faire un de ces actes irrémédiables. Mais je ne l’ai pas fait. J’ai surmonté, j’ai tenu bon, de toutes mes forces en espérant un jour vivre quelque chose de meilleur…

Chez Maman, c’était déjà l’alcool, la déchéance et l’ignorance. On soupait dans le silence le plus total. On existait que par la force des choses. On était le décor de sa chute libre. On était, c’était déjà ça… On devait se taire parce que son déchet dormait après avoir bossé de nuit. Lui, il bossait. C’était déjà ça comparé au tyran de Papa. Mais il ne payait rien. Pas de loyer, pas de charge, pas de courses. "Ce n’était pas chez lui." "On n’était pas ses gosses."... Ah si ! Il payait ! Il payait les canettes de bières 50cl achetées chez Aldi…

(à suivre...)

Bien à Vous.

Malika