Malika Intimity...

Rien ne s'arrête...

Maman. Ça me bousille !

Ma marraine m’a appelée ce soir et m’a demandé si j’avais des nouvelles de ma mère… Cela fait deux jours qu’elle n’est pas venue travailler et qu’elle ne donne plus de signe de vie.

Elle travaille en tant que "Technicienne de surface" (quel bel euphémisme !) dans un home pour personnes âgées. Home dans lequel est placée ma grand-mère.

Non, je n’ai pas eu de nouvelles. Mais c’est normal, on n’a pas cette relation fusionelle "Mère-Fille" qui s’appellent 3 fois par semaine voire 3 fois par jour. On s’appelle quand on veut se voir… Toutes les deux semaines...
Elle a bien essayé de m’appeler il y a deux jours, au soir. Mais je mangeais et je n’ai pas entendu mon téléphone. Je lui ai envoyé un SMS plus tard pour voir si tout allait bien, après avoir essayé de resonner sans obtenir de réponse. Elle n’a pas non plus répondu au SMS. J’ai pensé qu’elle était sans doute bourrée, dans un de ses cafés et voulait juste que je lui dégote je ne sais quel album de je ne sais quel chanteur. Chose que je ne fais de toute façon jamais puisque quand on se voit la fois suivante, elle a bien souvent oublié.

Toujours est il qu’après le coup de fil de ma Marraine, je me suis tracassée. J’ai essayé d’appeler Maman, pas de réponses. J’ai appelé le petit frère pour lui demander s’il avait eu de ses nouvelles. Il m’a dit que oui. Qu’elle lui avait envoyé des SMS glauques parlant de suicide. De couteaux posés à côté d’elle mais qu’elle ne trouvait pas le courage de le faire.
La Conne ! Putain la Conne ! Quand est-ce qu’elle arrête ces putains de conneries ? !

Je me suis excusée à E. et lui ai demandé de garder la petite une demi heure. J’ai pris la voiture et suis partie chez Maman. Pas chez son mec, non, chez elle. Dans cette maison sale, vieille, lugubre et insalubre dans laquelle j’ai moi-même vécu 5 ans. 2 ans et demi si on tient compte de la garde partagée.

J’avais peur ! Merde ! Quelle conne ! Comment peut-on faire subir ça à ses enfants ? MERDE !

Je suis arrivée devant la maison. J’ai garé la voiture, j’ai éteint les phares, j’ai pris mon sac et je suis descendue de la voiture. J’ai claqué la portière. Fort. J’ai fermé la porte à clef. J’ai rangé la clef dans mon sac.

On se fout normalement totalement de ces informations, mais elles étaient importantes parce que sur ces quelques secondes, l’adrénaline, le stress, la rage, l’incendie grimpaient en moi.

Je me suis dirigée vers la porte d’entrée et j’ai abaissé la clinche sans même avoir frappé. La porte s’est ouverte. Sans aucun doute, elle était dans la maison. J’ai avancé dans le couloir après avoir allumé la lumière et je me suis dirigée vers le salon. Elle était là, endormie dans le fauteuil. Je me suis jetée sur elle en appelant : "Maman ? Maman !" Elle a ouvert grand les yeux, effrayée par ce réveil brutal. Je me suis effondrée en larme en lui demandant pourquoi ?

Pourquoi tu nous fais ça ? Pourquoi tu nous fais peur ? Elle m’a répondu qu’elle l’aimait (son mec) mais que lui ne l’aimait pas. Elle s’est étonnée de me voir là, elle ne m’avait pourtant rien dis à moi… PAUVRE IMBÉCILE !

J’ai dû rester 20 ou 30 minutes. Je me suis revue vivre une de ces conversations d’avant. Conversation à sens unique, lorsque j’étais l’Adolescente et que j’avais l’audace de lui dire ce que je pensais. Je lui ai tout dit. Que je m’en foutais de son mec, qu’elle devait arrêter avec l’alcool, qu’elle valait mieux que ça, que ça me bouffait chaque jour, qu’elle était tellement faible sous son apparence de femme forte, que je n’oserai pas lui confier ma fille plus d’une journée avec la vie qu’elle mène, qu’on l’aimait et rêvait de tellement mieux pour elle, qu’elle devait ouvrir les yeux pour nous, que ça nous bousille tous les jours… Qu’elle avait toujours une bonne excuse…

Elle m’a répondu : "Je sais" ou "Je ne sais pas" ou "Je n’ai pas la réponse" à tout !

Au moins elle sait… Mais rien ne s’arrêtera jamais.

Je suis partie en larme, en lui disant que je l’aimais, en lui demandant de penser à ce que je venais de lui dire alors que je n’y arrivais pas depuis 1 an et demi. Elle m’a dit qu’elle allait y réfléchir… "Je t’aime ma chérie, ne t’en fais pas..." - "Moi aussi je t’aime Maman Je ne cesserai jamais de m’en faire..."

Rien ne s’arrête… Rien ne s’arrêtera jamais…

Bien à Vous.

Malika