Je pense donc que c’est ce jour précis que la passerelle de mon adolescence a commencé à se dérouler devant moi. Bien sur à l’époque, je n’en étais pas consciente… Pour moi ce n’était qu’une petite dispute de plus… Pour moi, une fois l’alcool évaporé d’eux, tout rentrerait dans l’ordre, ils seraient toujours "Ils", un ensemble indissociable. Mais je me trompais…

Cette année scolaire, j’étais brisée et perdue… Je me souviens que je ne faisais plus mes devoirs, que j’étais ailleurs, complètement ailleurs… J’allais à l’école seule, avec le poids de cette réalité de plus en plus difficile à éloigner…

Lorsque l’école finissait, je rentrais chez ma marraine, un peu… Et puis je retournais au café… Maman commençait à devenir maman, la 2ème maman… Celle qu’elle est aujourd’hui… Papa remontait la pente doucement, sans savoir que celle qui allait gagner son cœur allait briser un peu plus encore notre vie. Ma vie. Mon enfance.

Le week-end suivant la rupture, alors que j’étais encore persuadée, dans mon innocence d’enfant, que tout ça n’était que passagé, que ce n’était qu’un mauvais rêve, je me souviens être partie dormir chez un tonton. Le grand frère de Maman. Ce week-end est un moment marquant de ma vie, sans que je ne sache vraiment pourquoi… Il ne s’est rien passé de particulier… Mon tonton a juste tenu à me sortir de tout ça, à me faire respirer… Je me souviens vaguement qu’on est allé faire les achats de la rentrée scolaire de ma grande cousine, qu’on est allé à une fête, je ne sais plus à quelle occasion… Je me demande même en l’écrivant si je ne mélange pas plusieurs souvenirs…

C’est tellement étrange et fragile, les souvenirs…

Après ce week-end, je suis rentrée, et rien n’avait changé… Les jours et les semaines ont passés, maman ne dormait plus à la maison, elle venait travailler la journée et partait le soir avec son mec, dans son appartement. Papa dormait seul, je crois. Il allait mieux, tout doucement, je crois…

Et nous… Moi je dormais seule aussi, je me levais seule. Plus personne ne faisait mes tartines pour l’école. Je n’avais plus de petit jus ni de collation préparés par maman dans mon sac d’école… Je n’avais plus de "Bonne journée" crié à la barrière de l’école… Je n’avais plus d’enfance, mais pas encore d’adolescence… Leur rupture, ça a été une rupture en moi…

(À suivre...)

Bien à Vous.

Malika