Malika Intimity...

Parce que ce rêve allait plus loin...

Je me suis emballée, hier, en vous racontant ce rêve. J’ai quelque peu réinterprété notre conversation, mais dans l’ensemble, ca ressemblait à ce que j’ai retranscris. Moins long, peut-être… et encore, je ne suis pas sûre… Bref, je me dois de vous confier la suite aussi…

De confidences en confidences, je découvrais une sensation de légèreté, de liberté, de libération. Un poids s’évaporait de moi, alors j’ai repris la parole :

- Ca fait six ans que je vis avec une culpabilité brûlante au cœur. Six ans ! Je m’en veux parce qu’après notre deuxième nuit, je t’ai laissé seul pour aller le retrouver. Je m’en veux Parce que cette parenthèse de quelques jours n’a qu’accentué le manque de toi, mais je ne pouvais pas l’admettre, l’avouer, ME l’avouer. Je m’en veux parce que je n’ai pas assumé ce qu’on avait vécu par après. Que ça m’a mené à devoir t’évincer de ma vie de manière agressive pour satisfaire aux désirs d’un crétin en qui j’ai cru plus qu’en toi. Je m’en veux. Ca ne m’a jamais quitté.
- On aurait tellement dû avoir cette conversation avant ! C’est dingue ! Je ne t’en ai jamais voulu. J’avais compris que tu étais perdue. J’avais compris que tu ne comprenais pas toi-même. Je t’avais fait fuire en m’éloignant, en te montrant une facette plus dure, plus médiocre de moi. Tout ça à cause de ta sincérité. Parce que tu es comme ça, toi. Sincère. Tu te laisses aimer sans te poser de questions. Tu ne cherches pas à quantifier tes sentiments, à comparer. Non, toi, tu vis ton truc, tu laisses ton cœur prendre le contrôle sans lutter. Et moi j’ai eu peur, tu vois. Peur que tout ne soit qu’éphémère. Peur de n’être qu’un pansement, peur de te perdre sans le contrôler. Et donc j’ai pris du recul, c’est toujours plus facile à admettre quand on a pris la décision… C’est en tout cas ce que je pensais… Quand j’ai compris mon erreur, c’était trop tard. Tes émotions s’étaient empêtrées dans un autre filet...
- C’est quand tu m’as recontactée. Quand tu m’as avoué avoir lu ce que tu ne devais pas lire...
- Oui, c’est ça… Mon plus grand regret sera toujours de t’avoir laissé passer. On ne reviendra pas dessus. On ne pourra plus jamais le vivre comme on aurait pu le vivre à l’époque si...
- Si… Paris en bouteille, quoi… Merci. De ne pas avoir fuit cette conversation. De ton honnêteté. Du coup, j’aimerais te poser deux questions. La première, te souviens-tu du soir au Whisky-Coca ?

Il a explosé de rire sans se faire prier..

- Bien sûr que je me souviens...
- Que s’est-il passé ? Ce soir-là ? Mes souvenirs se meurent au moment où je monte dans ta voiture, près du Vidéoclub et ne renaissent qu’au réveil, dur réveil !
- Rien. Rien de bien particulier. On a beaucoup parlé. Tu m’as confié beaucoup de choses, dont ton amour, même si tu tournais autour du pot. Tu étais dans un sal état !
- Et c’est tout ?
- Et la deuxième question ?
- Le dernier soir, celui où tu m’as redéposée comme si je n’avais été qu’une lointaine connaissance à la gare, cette humiliation était calculée ? C’était cette "maladie" ? C’était une vengeance ? Tu sais - et je ne t’en veux pas ! - ce soir-là, ton indifférence m’a achevée. Ce soir-là, je me suis sentie tellement minable ! Tellement petite ! Tellement banale… Pourquoi ?

Il n’a pas répondu tout de suite. Je crois qu’il cherchait une raison à tout ça dans ses souvenirs. Je crois qu’il n’avait pas cerné l’importance de ce soir-là jusqu’alors. Il regardait par delà le balcon, ses yeux s’alourdissaient, semblaient contenir une émotion grandissante. Il s’est tourné vers moi, a posé sa main sur mon épaule, a cherché E. du regard à travers la vitre, l’a repéré et lui a souri, comme pour le rassuré. Il a à nouveau plongé ses yeux dans les miens et a formulé cette réponse :

- C’était trop dur. Juste trop dur. Parce que c’était déjà trop tard. Il y avait déjà un malaise, déjà des silences lourds de sens, déjà des regrets qu’on arrivait pas à exprimer. Entre tes sentiments cachés, ma distance, ton agressivité, mon repli sur moi, ton retour vers moi… Cette maladie… Ça a sans doute joué aussi. Tu as été tellement naïve, Malika… Et j’en veux encore tellement à ce débile de t’avoir fait ce mal-là, d’avoir profité de toi.
- Je sais. Je sais. Je ne me pardonnerai jamais cette naïveté. Même si en réalité, cette maladie n’est contraignante que pour moi, lorsqu’elle se déclare. J’ai appris à la contrôler, mais chaque impression de "rechute" me remet un coup de poignard au cœur, à l’âme… Parce que je l’ai aimé, ce con ! J’y ai cru ! Je sais, cette naïveté...
- Malika… Merci. Je te souhaite le meilleur et je pense que tu l’as trouvé. Je l’espère, en tout cas. Je ne t’oublierai jamais. Je n’oublierai jamais ce que tu m’as apporté et ce que tu m’as appris par la même occasion. Je suis heureux d’avoir partagé ce dernier instant avec toi. Heureux et soulagé, même.

Il s’est approché de moi en posant cette fois ses deux mains sur mes épaules. Il a approché sa bouche de mon oreille, côté fenêtre afin qu’aucun malentendu ne se pose entre lui et mon E., j’imagine et il a murmuré :

- Pour être tout à fait sincère, j’ai vraiment trés envie de te serrer dans mes bras une dernière fois. Trés envie de poser mon front contre le tien et de plonger mes yeux dans tes yeux. Trés envie de goûter tes lèvres, une dernière fois…

Chaque mot me glaçait, m’effrayait, mais me faisait du bien, aussi. E. était predominant dans ma tête. Lui, son regard, notre vie. J’aurais pu le repousser brusquement, mais je n’en avais pas envie non plus, alors je suis restée sincère avec lui tout en réalisant que j’avais pris appui contre sa joue avec la mienne, que ce moment précis serait sans doute le plus beau et le plus libérateur :

- Merci à toi ! J’attends ce moment depuis que tu m’as redéposée à la gare, ce dernier soir. J’avais tellement peur d’avoir les mêmes envies. Tellement peur de réaliser que je vivais dans un tissu de sentiments inventés pour te survivre. Mais non. Je l’aime. Il n’est pas toi et ne le sera jamais. Je t’ai sincérement aimé, j’espérais sincérement pouvoir le vivre. Mais non. Serre-moi dans tes bras, dis-je en me laissant aller contre lui. Merci.

L’étreinte n’a duré qu’une poignée de secondes. Une étreinte fragile et délicate. Une étreinte d’abandon, de renoncement, de libération. Ensuite il a posé sa main sur ma joue et a répété "Merci !" J’ai souri, une larme a coulé. Je suis rentrée.

J’ai rejoins mon E. et l’ai remercié également. Il m’a demandé comment j’allais. J’ai répondu que j’allais mieux que jamais et que je l’aimais. Il a souri, un voile obscur s’est effacé de son regard et il m’a enlacée tendrement en murmurant : "Je t’aime. J’ai eu peur. Merci."

J’ai répondu : "Moi aussi. Fallait pas. De rien."

C. est revenu dans la salle, a évité mon regard et s’est dirigé vers la porte avant. J’ai vu les phares de sa voiture briller à l’extérieur. Il s’en allait.

Et puis… Je me suis réveillée ! !

Ce rêve m’a épuisée autant qu’il m’a apaisée…

Bien à Vous.

Malika