Malika Intimity...

Ça faisait longtemps...

FUUUUUUUUUCK LA FERMETURE DE PAGE INOPINÉE !!!!!!! !

Aaaaaaaah j’ai la rage ! J’avais ecris une tartine ! Pire, un pain complet ! Et un vrai pain multicéréal :'( bref…

Ça fait longtemps que je n’avais plus écris sur lui. Pourtant, il est encore et toujours ancré à mes pensées. Tous les jours. Il y a toujours un instant, une odeur, une résonance qui me ramène vers mes interrogations. J’ai pris beaucoup de temps pour y réfléchir. J’ai retourné cette histoire dans tous les sens dans ma tête. J’ai l’impression de rester dans l’attente d’une confrontation et en même temps, cette idée me tétanise tellement. Bref, cette nuit, j’en ai rêvé. Je pense que ça faisait longtemps. En tout cas, ça faisait longtemps que je n’en avais plus rêvé de façon si intense/précise.

J’arrivais dans une soirée au bras de E., mon E. ! Mon Homme ! Ca devait être un anniversaire, cela se passait dans la commune où vit Voussavezqui (c’est officiel, il s’appellera Voussavezqui, dorénavant...) ainsi que certains membres de la famille de mon E. Je pense donc qu’il s’agissait d’un anniversaire important vu le nombre de personnes présentes.

Et donc, vous vous en doutez bien, Voussavezqui était là. Quelque part dans le fond de la salle. Je l’ai remarqué rapidement dans l’assemblée et j’ai rapidement détourné mes yeux, mon attention, mon énergie vers TOUT sauf lui. Ne pas le regarder. Ne pas le croiser. Ne pas sourire. Ne pas laisser transparaître… Je me suis contenue un temps. Quelques minutes dans mon rêve, mais qui auraient pus être des heures dans la réalité tellement cela m’oppressait.

J’ai réalisé, au bout d’un moment, qu’il était seul dehors. Sur un balcon. Seul. Peut-être m’avait-il vue ? Peut-être espérait-il un signe de ma part ? Peut-être était-il juste seul dehors par envie. Peut-être ne m’avait-il même pas vue ? Peut-être que ce n’était que MON film, MON délire ? Et puis j’ai réfléchis. Rapidement parce que l’occasion était à saisir, mais ne durerait pas infiniment. Cet instant-là, ce moment-là où il semblait attendre quelque chose, seul dehors, allait prendre fin et je devais réagir avant, réagir face à moi-même. Prendre LA décision de ma vie. Sortir. Ne pas sortir.

C’est alors, après quelques secondes d’égarement, que j’ai plongé mon regard dans celui de mon E., alors j’ai su. J’ai su que je pouvais y aller, que je n’avais rien à craindre, que je ne devais pas mélanger mes émotions et me perdre dedans. L’amour, le vrai, celui qui éclairera ma vie jusqu’au finish était là, devant moi. Ses yeux bleus brillaient d’interrogations en s’accrochant aux miens. Avait-il vu ? L’avait-il reconnu ? Avait-il compris que j’allais lui demander de me faire confiance ?

J’ai inspiré bien fort et l’ai emmené un peu à part, sur le côté, il fallait que je lui parle.

- Tu l’as vu ? Lui ai-je demandé.
- Vu qui ?
- C./Voussavezqui ? Il est dehors, là-bas, lui dis-je en pointant mon menton vers la porte fenêtre entrouverte. Je pense que j’ai quelque chose à te demander.

Je l’ai vu se raidir. Je l’ai vu craindre. Je l’ai vu seul, désemparé face à mes regrets. Alors je l’ai serré dans mes bras, ai replongé mes yeux dans les siens et lui ai murmuré que je l’aimais, que j’avais juste un vieux bouquin à fermer, que je pensais en avoir vraiment besoin, que je ne pensais pas avoir d’autres occasions de le faire… Et je lui ai demandé : "Tu me fais confiance ? J’ai vraiment besoin de lui parler, je crois… Mais ça n’a rien à voir avec toi, ça ne met rien en péril… Au contraire..."

Il m’a répondu qu’il m’aimait. Qu’il avait assez "peur" de ce garçon, mais qu’il m’aimait et me faisait confiance…

Merci mon E. ! Merci mon rêve ! D’avoir rendu mon E. si indulgent. Je l’ai embrassé tendrement et me suis dirigée vers ce balcon, sans me retourner, parce que je ne doutais pas. Parce que je savais ce que je cherchais.

- Salut…

C’est tout ce que j’ai trouvé à dire. Il fixait le néant, le rien devant lui et ne bougea pas d’un millimètre au son de ma voix. Je crois qu’à peine une ou deux secondes se sont écoulées entre ma réplique et son premier signe de vie, ça m’a pourtant semblé tellement insoutenable. J’ai eu l’impression de vivre la pire scène de déni de mon existence. J’ai cru qu’il allait rester prostré dans la pénombre, inébranlable, intouchable, imperturbable. Je me suis même demandé durant l’une de ces fractions de secondes si c’était bien lui. Si cet homme était bien mon C. S’il etait bien le C. que j’avais sincérement aimé. Mais oui. Oui. C’était lui. Six ans après, mais c’était lui, j’en étais certaine.

- Salut. Ça fait longtemps…

Sa voix m’a transpercée sans préavis. Elle s’est infiltré en moi et a secoué, brusqué, électrifié chaque recoin de mon âme, chaque écho de son souvenir, chaque silence gardé jusqu’alors. J’ai ris. Est-ce un euphémisme ? Que répondre ? Comment garder un fil dans cette conversation fragile, déjà tellement ébranlée après quatre mots. Quatre misérables mots. Un seul venant de moi. Je devais rééquilibrer le tout.

- Oui. Ça fait plaisir, aussi. Enfin, pour ma part, ça me fait drôlement plaisir. Comment vas-tu ?

Il s’est enfin tourné vers moi. Il était toujours (logique...) légèrement plus petit que moi, Très légèrement, mais ca a dessiné un sourire niais sur mon visage. Il a pris son temps pour effectuer ce mouvement. C’est d’abord son corps qui a pivoté de 90° dans ma direction afin de me faire face alors que son regard, me semblait-il, se perdait encore dans le vide. Mais dans mon vide, cette fois. Dans le vide de ma peau, de mon visage, de mes cheveux, de mon nez, de ma bouche. Je le voyais fuir mes yeux, expressément. Lentement, très lentement, presque trop lentement, comme dans une vidéo en slowmotion, ses yeux se sont accrochés aux miens. Une vague de chaleur, de désir, de nostalgie s’est emparée de moi. Je crois que si ce n’avait été un rêve, je serais tombée là. J’aurais perdu connaissance dans la puissance de son regard. Mais c’était un rêve, mon rêve, mon inconscient, alors j’ai tenu bon. Il a souri. Je n’ai pas regardé ses lèvres, pourtant, mais son sourire était plus vivant, plus ancré dans ses yeux que sur n’importe quelle autre partie "expressive" de son visage.

- Je vais. C’est déjà bien, a-t-il dit en souriant toujours. Et toi ? Tu n’as pas changé.. Tu as raison. Ça fait plaisir, aussi…

Moi ? Je lui ai dit que ça allait assez bien. Que j’étais passée par des phases désagréables en évoquant le burnout (comme si, étrangement, ce burnout n’était déjà plus que de l’histoire ancienne, ce qui est loin d’être le cas...), mais que maintenant, ça allait mieux. J’ai précisé que ce burnout avait été principalement provoqué par deux éléments de mon existence : le travail - le harcèlement au travail - et la famille. Principalement. J’avais envie d’insister sur ce mot. J’avais envie qu’il entende ce que je ne disais pas. PRINCIPALEMENT...

Son sourire - dans ses yeux - s’est intensifié.

- C’est bien pour toi, que ça aille mieux. Tu mérites que tout se passe bien.

Ca m’a touché, ca voulait dire tellement plus, j’avais l’impression…

- C’est bizarre de se revoir après autant de temps. ... ai-je dit.

Je devais dire aussi "j’ai tellement attendu ce moment...", mais les mots se sont écrasés quelque part entre l’intention et l’action, avant même d’effleurer mes cordes vocales. J’ai juste laissé le silence. Il l’a laissé aussi. Comme s’il savait l’intention. Comme si les mêmes barrières l’enserraient, comme s’il avait entendu ces mots que je n’avais pas prononcé. Comme s’il les avait attendu. Comme s’il laissait le temps à leur écho de s’envoler, même s’ils n’avaient pas été prononcés.

- C’est inattendu, pour ma part. Mais tu as raison. Ça me fait plaisir de te voir. C’est bizarre et ça fait plaisir.

J’ai tourné la tête vers l’intérieur et j’ai surpris E., mon E., tenter de s’intéresser au débat qui se déroulait devant lui. En réalité, ses yeux passaient de C. à moi trés nerveusement. Il doutait. Il semblait tellement terrorisé. Suivant mon regard, C. prit conscience de la situation. De MA situation. Il a alors attendu et soutenu le regard de mon E. en lui souriant, comme pour le rassurer. Comme pour se rassurer. Comme pour me rassurer. Il a replongé - beaucoup plus rapidement que précédemment - ses yeux dans les miens et a rajouté :

- Tu crois qu’il faut qu’on en parle ? Tu crois qu’on a besoin d’évoquer le passé ? De tout se remémorer ? C’est ça que tu attends de moi ?
- Je ne sais pas. Entre "ça me fait bizarre", "ça fait plaisir" et "faut-il en parler", je t’avoue que je ne sais plus. Qu’en penses-tu ?
- Qu’en pense-t-il ? a-t-il demandé hochant discrètement la tête en direction de mon E. que je n’ai pas osé regarder...
- Il sait que notre "histoire" a été "bizarre". Il sait qu’on a laissé quelque chose en suspend en en parlant plus jamais. Ou jamais franchement, en tout cas. Il me fait confiance, mais je pense qu’il est terrorisé, en fait. Je crois que l’attraction que tu peux avoir sur moi lui fait peur...
- Comment sait-il ? Quelle attraction ?

Pas de répit, donc. Si je voulais en parler, je devais franchir cette phase de test. C’est ce que j’ai cru.

- Parce qu’il a lu certaines choses, un jour. Des choses que j’avais écrites pour toi. Pour moi. Il a trouvé mon journal intime et a lu certaines choses qui l’ont blessé. Alors il a été honnête. Il a tellement eu peur que je le quitte pour avoir violé mon intimité. C’est là que repose toute sa différence, parce que quand mon E. a lu les mots que je t’adressais, il n’a pas développé de la colère envers toi. Il n’a pas développé de dégoût envers moi. Il n’a pas vu QUE sous son angle. Il a pris le temps de relire chaque phrase pour trouver mon équilibre et le renforcer avec moi. Il a trouvé tes failles dans mes mots. Il a trouvé sa force dans mon cœur à travers la faiblesse que tu lui offrais. Il a compris que sa place n’était pas remise en question. Mais il a eu peur. Terriblement peur. De mes mots et de son intrusion. Il me l’a avoué rapidement, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, dépossédée de mes émotions les plus intimes. Je lui en ai voulu, dans l’instant. Juste un instant. Et puis j’ai compris. J’ai accepté. Mon "journal intime" est numérique et chaque écrit est titré. Il a lu parce qu’il a vu "Obsession". C’était le titre d’un de ces articles qui parlaient de toi. Je crois que si j’avais lu ce mot dans l’inconnu de son jardin secret, j’aurais pu avoir envie de chercher plus loin aussi… Je crois, alors - bénéfice du doute - je ne lui en veux pas.

Il m’avait fixé sans bouger tout le temps qu’avait duré mon discours. J’avais envie de rajouter quelque chose pour ne pas entendre le drôle de silence qui hachait chacun de mes mots jusqu’au vide. Au froid. Au mystère de ses yeux. Je voulais qu’il réagisse. Qu’il hoche la tête. Qu’il crie. Qu’il pleure. Qu’il rie. Qu’il explose d’un rire gras et moqueur. Qu’il exprime quelque chose, quoi que ce soit. Mais pas ce silence. Pas cette indifférence. J’avais envie de pleurer. Que rajouter. Comment ne pas laisser cette confidence se briser à mes pieds ? J’espérais tellement plus de ce moment. Il a brisé le silence.

- Tu as toujours aimé écrire des choses. J’aurais dû recopier ces messages que tu avais dissimulés dans les brouillons de ton téléphone, à l’époque. J’aurais sûrement aimé les relire à chaque passage à vide, depuis six ans… Et donc, tu as réécris pour moi ? Sur moi ? Quand ? Tu as écris quoi ?
- Tu n’aurais jamais dû lire ces messages, à l’époque. Je crois que ça fait partie de nos erreurs. Je crois que c’est un des éléments qui nous a empêché de vivre quelque chose de concret. J’ai tellement de regrets, tellement de culpabilité, tellement de questions… Voilà ce que j’ai écrit. Il y a quelques mois. Il y a eu une première lettre qui a déclenché une furie en moi. Une lettre écrite - je l’espérais - pour me vider de toi. De ce qu’il restait de toi. Et puis cette lettre a mené à l’écriture de nombreux autres articles. J’espérais tellement que tu les lises un jour, d’une manière ou d’une autre...
- Tu voudrais toujours que je les lise ?
- Je voudrais d’abord que tu me parles de ce que tu as déjà lu. Je voudrais qu’on remue le passé pour mieux comprendre, l’un et l’autre, pourquoi notre histoire n’a jamais existé.
- Tu voudrais qu’elle existe ?
- Je le voulais, à l’époque. Je crois que l’ai voulu bien avant la rupture qui m’a menée dans tes bras. Je n’oublierai jamais, JAMAIS, ton premier regard. Cette insouciance, cette confiance, cette séduction qui se dégageaient de toi. Tu étais le Parrain. On se rencontrait pour la première fois et sans doute pour l’une des rares fois de nos vies. Je me souviens de ton prénom, du frisson qu’il m’a provoqué. Je me souviens de ton œil espiègle. Je me souviens de l’impuissance de mon ex - qui ne l’était pas encore - face à toi. Face à moi. Face à ce que ton simple souffle faisait brûler en moi. Et puis il y a eu un anniversaire. Une blague que tu as faite à mon ex alors que je devais dormir chez nos convives : son cousin et ta cousine. "Allô, papa ? ... Je dois dormir là ? ... Tu viens demain alors ?..." Je me souviens de la panique dans les yeux de mon ex. Je me souviens du plaisir que tu prenais à jouer ce jeu. Je me souviens de l’euphorie qui me brûlait, mais que je tentais de contenir. Je me souviens que j’avais vraiment envie que ça ne soit pas une blague. Mais j’étais trop petite, encore. Trop fragile, trop peu sûre de moi… Alors je riais comme une andouille, c’était ma seule armure face à toi, le rire et le sourire niais.
- ... Je ne sais tellement pas quoi te dire… Si ce n’est que je me souviens très bien. Tu as oublié de parler du cinéma...
- Non ! Je n’ai pas oublié, tu m’as interrompue ! ai-je dit en tentant un sourire. Il me le rendis et cela m’apaisa. Les Simpsons. Toi et moi. Et lui. Merde ! Lui ! Je me souviens parfaitement de ton rire d’enfant. Je me souviens tellement bien. Je ne l’ai jamais revu. Je ne pouvais pas. Parce que ce souvenir t’appartient, je ne veux pas l’abîmer. Je ne veux pas le perdre. Je le veux intact. Je me souviens du verre avant, je me souviens avoir vu ton kot pour la première fois. Je me souviens avoir eu envie de me droguer de ton odeur. Je me souviens. T’es souvenirs m’usent. Tu te souviens ? De quoi ? Qu’est ce que j’ai été, dans ta vie ? Qui ? Quel goût ai-je laissé ? Quels souvenirs te transpercent ? T’es-tu déjà demandé si...
- De tout. De tout ça. De nos premiers pas dans l’intimité. De ta confiance, de ta naïveté, ai-je envie de dire, même si je t’assure que je n’ai jamais tenté d’en profiter d’une quelconque manière. De ton sourire. De tes soupirs. De ta chaleur. De ta douceur. De ton regard. De ton désir. De ton odeur. De ta pudeur. De ta timidité. De ta sensibilité. De ton intimité. De tes secrets. De tes fragilités. De toi… Tu crois que je peux te prendre dans mes bras ? Juste un peu. Juste dans mes bras, j’attends ça depuis tellement longtemps, tu sais.

Lui, il l’a dit. "Depuis tellement longtemps..." J’étais figée sur place. J’en avais envie, un peu. Mais j’avais aussi conscience d’à quel point ça pouvait être un jeu dangereux.

- C’est dangereux. Tu sais, à l’époque, je ne savais pas où j’en étais, qui j’étais, où j’allais, comment j’y allais. Je crois que l’on s’est fréquentés à une période particulièrement charnière de ma vie. Je sais ce que j’ai ressenti pour toi. Avant. Pendant. Après. Depuis… Je m’en veux, tu sais. Je m’en veux d’être passée pour une fille facile, une Mariecouchetoilà alors que je ne réalisais juste pas ce que je vivais. TOI. Toi, cet homme que j’avais placé tellement en haut du piédestal, dans MES bras. Moi dans TES bras. Les TIENS ! La seconde avant, je pleurais la décision de mon ex de mettre un terme à notre relation, la seconde suivante, plus rien d’autre que cette réalité-là n’existait : moi dans tes bras, toi contre moi. TOI ! Tu m’as arrachée à la peine pour me faire découvrir le désir, le plaisir, la passion, la confiance, l’envie, le lâcher-prise. Tu sais, tu as bouleversé ma vie parce que tes yeux sur moi, tes mots de passion, de désir m’ont métamorphosée.
- Tu parles aussi bien que tu écris… Je suis bouleversé…

Merde… Je crois que je me suis laissée aller dans un récit entre mon rêve et son fantasme. Mais ce rêve a soulevé une évidence : je ne veux pas détruire ma vie, je veux juste clôturer ce passé…

Je reprendrais mon fantasme prochainement, ça fait 3 trois heures que j’écris (en comptant la fermeture de page inopinée...), je vais donc fermer ce "Chapitre" comme à mon habitude :

"À suivre..."

Bien à Vous. ;-)

Malika