Bonsoir Spleen,
Ton commentaire me fait vraiment plaisir ! Ca me touche beaucoup ! Tu comprends mes mots exactement de la manière dont je les ressens…
D’ailleurs, ton commentaire me fait d’autant plus plaisir, parce que j’avais également l’intention de te laisser "Deux-trois mots"
Tout à l’heure, j’ai relu plus intensément tes écrits du mois d’avril, et un peu du mois de mai, et tu me touches en plein dans l’âme par tes états d’âme…
Je m’explique : Je me retrouve à travers toi, a une époque, pas très lointaine en fait, au début de ma relation avec J., je me sentais mal au plus haut point, sans pouvoir définir réellement ce mal. Je ne dormais plus, je m’échappais dans la musique, tout comme toi.
Petite anecdote : mes parents se sont séparés il y aura onze ans au mois de septembre. Deux ans avant, ils avaient eu la bonne idée de reprendre un café sur la place du village où on vivait à l’époque. Ma mère venait tout juste d’accoucher de mon petit frère, mais mon père lui avait promis qu’après quelques mois, ils engageraient quelqu’un pour tenir le café pour qu’elle puisse s’occuper de mon frère et de nous (ma grande soeur et moi-même). Bref, le temps a passé, et ma mère restait coincée derrière le comptoir. Elle encaissait en silence. Elle nous regardait avancer sans elle, mais elle supportait. Au fil du temps, la tentation de l’alcool se faisait de plus en plus présente, si pas omniprésente. Mon père a sombré, c’était trop facile de s’asseoir sur le tabouret du bar après sa journée de travail et de profiter d’une bonne bière avec les joyeux du village… une bonne bière et puis une autre, puis encore une… et toujours plus… Ma mère se dégradait, ne disait rien, mais n’en pensait sans aucuns doute pas moins. Il ne lui a pas fallu beaucoup plus longtemps avant de sombrer, elle aussi, dans les abysses de l’alcool. Bref, leur mariage a cédé, tué par l’alcool et la haine. Au départ, je ne comprenais pas trop.
Enfin, tout ça pour dire que durant toute mon adolescence, je vivais une semaine sur deux chez ma mère et une semaine sur deux chez mon père. À l’époque dont je te parlais au début de ce message, vers mes dix-sept ans, le manque de stabilité m’étouffait. Ca, et puis la souffrance de voir ma mère s’auto-détruire sans rien pouvoir faire pour l’aider. Elle n’a jamais quitté la route de l’alcool depuis onze ans. Ce café a détruit ma famille. Il l’a détruite, elle, maman… je l’admire et je l’aime plus que tout, mais malheureusement, c’est de la femme qui s’est cachée au fond d’elle il y a onze ans que je parle. Elle est tellement différente de la maman de mes souvenirs… Rien que l’écrire me déchire le coeur mais je ne peux rien y faire. J’ai tout donné, j’ai supporté des vingtaines et des vingtaines de soirées de morale. Mais pas la morale de mère à fille, plutôt la morale de fille à mère… Et elle n’écoutait pas, elle n’écoutait que l’alcool, et le silence qu’il produisait en elle, elle n’entendait plus…
Et donc, (revenons-en à nos moutons ^^) à cette époque, toute cette pression et ce mal-être m’oppressait. J’étais seule et je voulais être seule. Bien sûr, la journée, il y avait le Lycée. J’y allais, je jouais des sourires rassurant, j’étais très forte pour dire "ça va super!" et pour être persuasive. Et je ne parlais que de la pluie et du beau temps, moins j’en disait sur moi, mieux c’était. J’avais mes amies et J., mais je ne disais rien à personne. Le soir, seule chez moi, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je souffrais de sa souffrance, je souffrais de leur haine, je souffrais de leur stupidité, j’étouffais entre ce père et cette mère que j’aimais plus que tout.
Et puis mon ange gardien est arrivée. Mon ange gardien, c’est la soeur de ma maman, ma marraine. Celle à qui je dois tout ce que je suis, celle qui m’a toujours retenue vers le droit chemin, celle qui a su entendre mes douleurs et les comprendre, celle qui ne m’a jamais lâché la main. Elle a été ma chance. Un jour, je lui ai écrit dans une lettre tout ce que je ressentais, il fallait que je crache ma souffrance, j’allais exploser.
Cette lettre, elle ressemblait beaucoup à tes écrits. Elle faisait ressentir de la même manière les doutes, la souffrance, la peur… Je me reconnais à travers toi, à travers tes doutes, ta souffrance et tes peurs. Je reconnais l’ado fragile et curieuse que j’étais il y a encore peu de temps.
Ma marraine, ma reine, après avoir lu ma lettre, m’a proposé de venir vivre chez elle dès ma majorité. C’était ma chance ! Partir, m’échapper de leur emprise, quitter cette souffrance pour retrouver de la stabilité. J’ai accepté. Ma marraine, par ce geste, a fait naître en moi une reconnaissance éternelle envers elle. Elle m’a ouvert les portes de ma vie, et je suis bien consciente que tout le monde n’a pas la chance que j’ai eue.
Voilà, je t’ai raconté tout ça parce que je pense beaucoup à tes écrits, à ta souffrance, celle-là même qu’il m’a semblé vivre il y a peu de temps.
Spleen, si tu as l’occasion de partir loin de tout cet univers qui t’étouffe, alors je te conseillerai vraiment de le faire. Parce que tu vas pouvoir te rencentrer sur toi, retrouver tes marques dans un environnement nouveau et y puiser ton nouveau souffle. Voilà, je l’ai vécu en quelques sortes, et m’enfuir m’a reconstruite !
Je te souhaite tout le bonheur du monde pour la suite, je continuerai à te lire, à te soutenir et à t’entendre. Surtout, ne baisse pas les bras, la sortie du tunnel n’est pas loin !
Merci pour ton attention, je crois que je viens d’écrire un roman… ^^
À bientôt, et surtout, surtout, prends soin de toi, l’attention que tu portes aux autres, tant sur ce site que, selon tes écrits, dans ta vie "réelle" prouve que malgré ce que tu sembles en penser, tu vaux bien plus que ce que tu ne le penses !
Tout ira bien pour toi, je le sens, parce qu’à travers ta souffrance, c’est aussi ta force que je ressens !
Bien à toi.
Malika