Ma boucle se boucle
**¨J’ai la haine… je viens d’écrire 5 ou 6 paragraphes depuis ma tablette, et puis j’ai malencontreusement glissé mon doigt sur l’écran vers le bas… résultat… rafraichissement de la page, au revoir les 5 ou 6 paragraphes. Je suis fâchée, frustrée, parce que je les aimais, parce qu’ils me portaient… Mais c’est qu’il fallait que je les réfléchisse, que je les recommence… relativisons...**
Bref… j’écris ce texte depuis le bloc note de mon PC, c’est plus prudent… Je vais recommencer de la même manière, et j’aviserai avec les mots qui viennent…
...
J’aurais tant à dire. Sur tant d’hiers. L’hier d’il y a 14 ans - mes premiers pas sur ce site - ; l’hier d’il y a 30 ans - le premier sujet abordé ici - ; les hiers intermédiaires et les hiers qui ont suivis… tant à dire, tant d’hiers, mais une boucle à boucler…
Ma fille grandit. Elle a grandi trop vite pour moi. Elle est passée de mon bébé, mon bambin, à une jeune demoiselle que je dois, chaque jour, réapprendre à connaitre. Une jeune demoiselle qui m’a échappée, devenue tellement ELLE, tellement unique, tellement différente de moi, mais aussi tellement "chargée" de moi, "chargée" de lui, "chargée" de nos histoires et de nos bagages… Une jeune demoiselle que je dois redécouvrir, que je dois apprivoiser, mais que j’aime si fort, tellement fort. Je n’ai rien compris. Elle est née hier. Elle avait 1 an hier. Elle était un bébé, mon bébé, et puis je n’ai rien vu… Aujourd’hui, je continue à l’apprendre, parfois, elle m’exaspère vraiment beaucoup, mais souvent, je l’admire, elle me fascine, elle me rend tellement fière.
Mon fils grandit aussi trop vite pour moi. Il a 14 mois, mais lui aussi, il est né hier. Pourtant je le savais ; je pensais que l’expérience de vie de sa soeur me permettrait de "mieux" saisir, de mieux comprendre ce temps qui passe, mais quoi que j’en pense, quoi que je fasse, le temps file, défile, me file entre les doigts, il a 14 mois aujourd’hui, alors qu’il est né hier… il aura 12 ans demain… ou 20, ou 30…
J’ai compris que tous les hiers m’échappent, que tous les demains sont loin, puis s’enchainent sans qu’on ne s’y attende… j’ai compris que ce qui compte, ce qui est important, ce qui donne du sens au reste, c’est de saisir chaque maintenant…
Et donc bref, le temps file, j’ai commencé à écrire ici il y a presque 14 ans et j’y ai tant laissé… Mes premiers pas, mes premiers mots, concernaient ma première blessure… celle de l’enfance, celle dont je ne me souvenais même pas, mais qui avait rythmé ma vie. Celle de ce tonton, de ce garçon perdu qui a perdu ma vie, nos vies, dans ses pulsions tellement malsaines.
Il est mort. La semaine dernière. Ça aurait pu n’avoir aucune importance. J’aimerais que ça n’ait aucune importance. Et pourtant, ça a tout secoué en moi, j’ai tout à comprendre, encore. Tout à redécouvrir. Alors je suis venue relire ce que j’avais laissé de lui ici. Et je relis encore. Je relis le reste. Je regroupe. Je revis. Et je reboucle ma boucle.
Ce journal m’a tant apporté, à certaines périodes. Et je lui ai tant laissé. Je suis venue rechercher tout ça.
Et vous dire merci.
Et vous dire Bien à Vous.
Et vous dire Au revoir.
Malika