Je me souviens, il y a 3 ans d’ici, j’ai débarqué sur ce site par hasard et il a été pour moi comme une révélation… Il fallait que j’écrive ! Ici, mes pensées seraient anonymes, mais lues… Parce que finalement, à quoi rime d’écrire un journal intime si ce n’est pas dans le but qu’il soit lu par autrui, un jour, d’une manière ou d’une autre…

Et quel bonheur de réaliser que cette possibilité existe et permet en plus d’être lu en toute discrétion…

Alors je m’y suis mise et c’est la que je veux reprendre… À cette découverte, cette première pulsion ressentie, ce premier sujet exploré…

La plus grande et douloureuse cicatrice de ma vie, finalement… Celle dont je me souviens à peine mais qui est pourtant toujours bien vive et bien présente à l’heure actuelle… Ces mains d’adulte sur mon petit corps d’enfant…

J’avais deux ans quand ça à cessé, mais je ne saurais vraiment pas dire depuis quand ça durait… Ça a cessé parce que du haut de mes 2 ans et demi, peut-être 3, j’ai parlé. J’ai compris, je ne sais comment, que ce qu’il se passait là, avec ce tonton "bienveillant" qui "aimait tellement nous garder", moi et les autres enfants, n’était pas normal, alors j’ai expliqué, avec mes mots d’enfant…

- Il fait des caresses bizarres, tonton...
- Il embrasse mon ventre…

Et il a voulu que je lui fasse des caresses comme lui… Et j’ai parlé… Et j’ai fait mal à mes parents… Ils ont eut mal, tellement mal, sans doute en essayant de prendre mon mal, aussi…

Pour mon père, c’était son frère, le cadet. Ce petit frère sympa à qui on aurait donné le bon Dieu sans confessions… Et bien je pense que ce jour-là, le jour où j’ai parlé, il aurait pu le tuer si ses autres frères n’étaient pas intervenus…

En réalité, je ne me souviens pas vraiment de tout ça… Je pense même que mes souvenirs sont plus de l’imaginaire tissé à force qu’on me raconte l’histoire… Et pourtant ce mec, cadet des tontons, a détruit mon innocence… Il a brisé ce truc en moi, cet équilibre qui te fais marcher droit sur le chemin de l’apprentissage… Il a brisé ma découverte de la vie… Mon enfance a été éclairée par le peu d’innocence qu’il m’a épargnée, mais l’adolescence, cette période de la vie où tout en toi se construit a été baignée de ces souffrances qu’il m’a laissées…

Cette cicatrice est toujours là, aujourd’hui, alors que j’ai pris le dessus… Elle n’est plus dominante dans ma vie, mais elle est là, sous la surface de mon âme…

Parfois, je croise ce cadet… En ville ou dans un bus… Et là, les larmes au bord des yeux, la haine et la peur au bord du cœur, je prend toujours un peu plus conscience de la vivacité de cette blessure…

Je vous en reparlerai… De ça où d’autre chose, mais je reviendrai vite… Là je suis épuisée…

Bien à Vous.

Malika