Malika Intimity...

Le silence ancré

Elle n’est pas forcément jolie. Elle n’est pas moche non plus. (Elle ne s’appelle pas Léa et je ne cherche pas à plagier Gaetan Roussel) En fait, elle pourrait être très jolie, mais on ne voit que ça. Que cette cicatrice de naissance, cette boursouflure qui devrait être une lèvre supérieure. Elle n’a rien demandé à personne. Personne ne savait avant même qu’elle n’arrive. Et pourtant, indépendamment du désir de quiconque, c’est tombé sur elle. Sur elle comme sur des tas d’autres personnes, mais quand ça tombe sur nous, on ne voit plus les autres "pareils" à nous. On ne voit que notre différence.

Elle ne parle jamais. Qu’en cas d’extrême nécessité de son plein gré, sinon il faut insister pour obtenir d’elle une conversation ouverte. La souffrance se lit sur son visage, dans son sourire pincé et ses yeux qui se baissent dès que les yeux des autres se posent sur son arc de cupidon exempt de l’empreinte de l’ange. On voit dans cet automatisme la fatalité, l’irrémédiable fatalité ainsi que le blasement face à ces regards arrêtés et puis gênés.

Parfois, je me demande si elle a envie de hurler, de se révolter, de s’en prendre à toutes ces personnes qui ne peuvent pas retenir ce foutu regard. Toujours le même. Ce regard intrigué, puis étonné, puis horrifié, puis gêné, puis empreint de pitié. A-t-elle envie de crier à tous qu’ils aillent s’étouffer avec leur pitié ?

Elle m’intrigue et me bouleverse. J’avais envie d’écrire sur elle alors que réellement, je ne sais rien d’autre d’elle que cette foutue cicatrice, ce foutu "bec de lièvre". Et je me demande comment on s’en sort lorsque la vie nous fait un coup pareil avant même qu’on ait commencé la partie ?

Bien à Vous.

Malika