Malika Intimity...

Je me la pète ?

C’est son plus lourd reproche. Le plus lourd parce qu’il est sombre, il me donne une image de moi que je n’aime pas, que je ne veux pas être. Il n’a pas pu me l’expliquer, mais comme c’est sa voix à lui qui me l’a envoyé, celle que j’entends encore résonner tous les jours, celle de cet homme censé dépasser tous les hommes, je ne cesse d’être dans le doute, de m’interroger, de "culpabiliser", presque. J’ai le sentiment que chaque expression en "je" un peu trop prononcée, chaque partage de ma vie, de mon parcours un peu trop enthousiaste ne sont que des preuves supplémentaires de ma prétention et de mon arrogance...
Est-ce que "je me la pète" ? En quoi ? Pourquoi ? N’était-ce pas son rôle de réguler cette prétention lorsque je me construisais, finalement ?
Je voudrais qu’il puisse me l’expliquer, concrètement. Dans une conversation où j’aurais le droit de négocier, d’exister.

Récemment, j’ai écrit ça à son attention :

Je vais te faciliter la tâche, "papa". Tu n’auras pas à accepter ou pas ma venue.
Je ne viendrai pas. Ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais.
Finalement, je gère très bien ma vie sans toi et je n’ai plus envie de m’encombrer de tes certitudes.
Ton absence n’est que l’écho de ton incapacité à aimer, et l’une vaut bien l’autre. Sauf que la première fait moins mal.
Je te souhaite d’être heureux, très sincèrement.
Moi, j’ai fait le pari de l’être, et j’ai remporté la partie.
Je suis peut-être égoïste. Mais je suis telle que tu m’as faite.

Bref. J’ai terminé mes examens hier. J’ai pris ces émotions en pleine tronche. Trop refoulées. Trop longtemps. Trop lourdes…

Bien à Vous.

Malika