Malika Intimity...

Ceux que j'ai aimés... (Chapitre 34)

Je me suis rendue compte, en relisant les deux derniers chapitres, que j’avais passé une étape. Celle de la discussion, le soir de notre rupture. Je vais donc en parler dans ce chapitre.

Comme il me l’avait promis, il est venu chez moi après son boulot le jour avant l’accident. Il est venu, mais m’a demandé de descendre dans sa voiture pour parler. Je l’ai fait.

J’ai enfilé un peignoir et ai demandé à ma marraine de m’aider à descendre jusqu’au rez-de-chaussée pour le rejoindre dans la voiture. Une fois assise à côté de lui, j’ai pris conscience de la situation. Il m’a fait la bise. Froidement et furtivement. Je me sentais repoussante. Répugnante.

Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a dit qu’il allait mal. En gros, ça a été notre discussion. Il m’a dit qu’il pensait à trop de choses, que ça lui parasitait la tête. Qu’il pensait aux gens qui l’entouraient et qui souffraient. Que c’était permanent et que ça le bouffait.

Je lui ai dit que je l’aimais, bien évidemment. Je lui ai demandé s’il m’aimait, il ne me répondait pas, il évitait la question. Je lui ai demandé si j’avais le droit d’espérer. Il m’a dit que, peut-être, dans deux semaines, il se rendrait compte de son erreur, mais que sûrement, dans deux semaines, il n’aurait pas le droit de venir ramper.

Alors, c’était perdu d’avance ? C’est ce que je lui ai demandé, ensuite. Il m’a dit qu’il ne savait pas, qu’il était perdu, qu’il n’y avait pas de bonnes réponses mais qu’il ne pouvait rien me promettre.

Je lui ai dit que je voulais bien l’aider, que je serai toujours là pour lui. Je lui ai dit que je voulais bien l’écouter, que j’étais prête à tout entendre et prête à tout garder secret.

Il m’a dit qu’il ne pouvait pas, qu’il n’arrivait déjà même pas à comprendre ses idées et ses pensées lui-même alors je ne pourrais rien faire.

Je lui ai dit que d’autres personnes pourraient l’aider. Des personnes compétentes et professionnelles. Que si c’était vraiment aussi invivable et douloureux qu’il le prétendait, alors peut-être qu’une personne spécialisée pourrait l’aider. J’ai ajouter que je savais qu’il voyait très bien ce que je voulais dire.

Il m’a dit qu’il y avait déjà pensé et que peut-être, un jour, il essaierait mais qu’il ne s’en sentait pas le courage pour le moment.

Je lui ai redit que je l’aimais. Que je l’aimais plus que tout et que je l’attendrais le temps qu’il faudrait. Il m’a redit qu’il ne pouvait rien me promettre et que je ne devais pas me détruire pour lui.

J’ai eu envie de le serrer dans mes bras, mais je savais qu’au mieux, il resterait de glace et qu’au pire il me repousserait violemment, alors je me suis abstenue. J’ai tourné la tête vers le ciel, je pleurais, mais je ne voulais pas qu’il s’en rende compte. Pourtant, il s’en était très certainement rendu compte depuis longtemps. Il savait que j’avais mal, mais ça ne l’atteignait plus.

J’ai accusé le coup douloureusement et j’ai réalisé que cette conversation ne me mènerait à rien, sinon à me faire souffrir toujours plus de son ignorance implacable. Je me suis tournée vers lui et lui ai dit que j’allais rentrer. Il n’a rien répondu. Je lui ai souhaité une bonne fin de soirée et lui ai rappelé que si je pouvais faire quoi que ce soit pour lui, je le ferais sans hésiter. Il m’a souhaité une bonne soirée et a tourné la clef sur son tableau de bord. Le message était clair, je suis sortie de la voiture et suis rentrée chez moi plus anéantie que jamais.

Vidée. Je n’étais plus rien. Il avait tout pris en refusant de me dire "Je t’aime". Il venait de m’achever, tout bonnement. Je n’étais plus rien. Une ombre. Non, l’ombre d’une ombre. Vidée et délaissée. Je suis retourné dans ma chambre, sous ma couette, avec un peu de musique et le silence. Et j’ai pleuré. Encore et encore, j’étais vide, mais je continuais malgré tout à me vider. Et je me suis endormie. Et réveillée. Et j’ai pleuré. Et je me suis rendormie… Et ainsi de suite. Cette nuit, mon amour pour lui m’a lapidée sans aucun scrupule ni regret. Cette nuit, j’ai souffert comme jamais encore je n’avais souffert. Cette nuit-là, il m’a tuée…

(à suivre...)

Bien à Vous.

Malika