Malika Intimity...

Ceux que j'ai aimés... (Chapitre 33)

Deux mois. C’est le temps qu’à durée notre histoire du soir où je l’ai embrassé pour la première fois au jour où il m’a envoyé ce message sur MSN. Deux tout petits mois. D’habitude, deux mois ne représentent pas grand chose pour une histoire d’amour. D’habitude, après deux mois, on s’en remet…

J’étais vide, déchirée, déchiquetée en lambeaux… Ce coup de foudre m’électrifiait le coeur. J’avais une pierre dans la poitrine, j’aurai été prête à tout pour le récupérer, à l’époque.

En fin d’après midi, je me suis réveillée. Je souffrais dans la tête, je souffrais physiquement, je souffrais dans le coeur… Et je n’avais aucune nouvelle de lui. Mais pourquoi en aurais-je ?

J’ai parlé à Jo. Il m’a dit qu’il était désolé et qu’il ne comprenait pas, que même lui ne reconnaissait pas son meilleur ami.

Je ressentais un grand vide, un besoin étrange de prendre de ses nouvelles. Cette saloperie de sensation que quelque chose allait lui arriver me collait à la peau sans que je ne puisse l’expliquer. J’ai donc demander à Jo. de lui envoyer un SMS, n’importe quoi qui demande réponse, juste pour me rassurer.

Il m’a dit que je ne devais pas me tracasser, qu’il allait lui écrire mais qu’il était normalement en cours et ne répondrait donc pas tout de suite.

Jusqu’en début de soirée, j’ai demandé une dizaine de fois à Jo s’il avait des nouvelles. Il n’en avait aucune, mais je ne devais pas me tracasser.

Je ne comprenais même pas mon tracas, simplement, il était là.

À 20h passées de quelques minutes, Jo m’a dit : "Malika, vient sur Skype..." J’ai lancé Skype ainsi que la conversation audio avec Jo.

- Malika?
- Oui...
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, voilà, je ne comprends vraiment rien à tes pré sentiments de la journée, ça me fait limite flipper, mais T. a eu un accident…

Les mots ont résonnés, éclatés, explosés dans chaque recoins de moi-même. Comme des boules de flipper folles, ils rebondissaient en me laissant d’atroces douleurs à l’âme.

- Un accident? ! Comment il va ? Il est où ? Dans quel état ? Et la voiture ? Comment tu le sais ? ...
- Il est conscient, c’est lui qui a demandé aux ambulanciers de me contacter, apparemment. Ils l’emmènent à l’hôpital régional.
- Ok, j’y vais, je te contacte par SMS, à tantôt.

Je n’étais pas sortie de mon lit depuis déjà quelques jours, j’avais encore cette sonde urinaire et je n’avais toujours rien mangé depuis le début de ma convalescence. J’étais très affaiblie, mais je ne pouvais pas rester là sans rien faire. J’ai enfilé des vêtements, les premiers qui venaient, au-dessus de la sonde et je suis descendue en titubant pour prévenir ma marraine.

Elle comprenait, elle m’a donné de l’argent pour le taxi mais a demandé qu’une de mes cousines m’accompagne, j’étais trop faible que pour partir seule. Le taxi est arrivé et nous a conduit jusqu’à l’hôpital régional, au bout de la ville. Arrivée à l’accueil des urgences, j’ai demandé si T. était déjà arrivé. Le réceptionniste m’a dévisagée en répondant : "Ah… Lui… Il est… à l’autre hôpital, à l’autre bout de la ville."

Je n’en revenais pas ! Rappeler le taxi et recavaler ! Je me sentais tellement mal. La sonde urinaire n’est pas destinée à être placée sur un corps en mouvement… Il fallait savoir que dans ce cas, les douleurs provoquées par les mouvements et les frottements étaient insoutenables. Mais peu m’importait, je voulais savoir comment allait cet homme que j’aimais de toute mon âme et qui m’avait envoyée paître la veille.

Arrivée dans cet autre hôpital, je me suis présentée comme étant sa petite amie. Je me suis dit que dire : "Je suis son ex depuis hier..." ne m’aiderait pas forcément à passer le sas des urgences. Ils m’ont alors annoncé qu’il était en examen mais que sa famille attendait dans le couloir des urgences, je pouvais les rejoindre. Je m’attendais à voir sa maman. Elle était là, même pas au courant de notre rupture. Mais elle n’était pas seule. Aussi présent, son papa, sa belle-mère et sa petite soeur. Je ne les avais jamais vu avant. Quel beau contexte de rencontre…

Lorsque T. est arrivé, il était sur un brancard, mais bien conscient. Il n’a pas réagi à ma présence et j’avoue que ça m’a rassuré.

Il a eu de la chance. Une chance inouïe. Sur une longue route sinueuse et en bord de falaise, il a perdu le contrôle de sa voiture, sans doute à cause des feuilles mortes et humides du début de l’automne. Devant les policiers, il prétendra être à 80km/h au moment de l’accident. À moi, quelques jours après, il avouera qu’il était à plus de 120km/h. En effet, il était à 120 au moment où il a perdu le contrôle, mais pour tenter de redresser la voiture, il a enfoncé la pédale d’accélération et a terminé sa course dans la façade en béton d’une propriété privée après avoir fait une embardée contre un poteau d’éclairage.

Sa voiture ressemblait à une boîte de conserve après l’accident. Lui s’en est sorti indemne. Bien qu’un peu sonné et sous le choc.

Le soir-même, il pouvait sortir de l’hôpital. Il ne m’a dit ni bonjour, ni au revoir. Simplement : "Merci d’être venue..." et il est parti avec sa maman qui semblait assez mal à l’aise d’apprendre notre rupture dans ce contexte.

Ce soir-là, avant de m’endormir, une seule et unique question m’a torturé l’esprit pendant de longues minutes : À quoi pouvait-il bien penser au moment où sa voiture a percuté le mur de plein fouet ?

Je n’en aurai jamais la réponse…

(à suivre...)

Bien à Vous.

Malika