Malika Intimity...

Ceux que j'ai aimés... (Chapitre 31)

Cette semaine fût pénible et lourde en émotions, encore. Le deuxième jour, j’avais la sonde urinaire et ne pouvais donc plus bouger. Je me souviens de la douleur insoutenable lorsque l’infirmier a du la placer, mais je me souviens aussi du soulagement dans les heures qui ont suivi.

T. ne me donnait des nouvelles que si je le harcelais de SMS. Il me répondait une fois toutes les trois fois. Il me disait que je devais le laisser prendre du recul, qu’il devait réfléchir mais que je ne devais pas m’inquiéter. J’en ai pleuré toute la journée.

Durant ma convalescence, j’ai beaucoup discuté avec Jo, via MSN. Il me rassurait et me disait de m’en tenir à ce que T. me demandait pour le moment. Il me disait qu’il ne savait pas trop ce qu’il se passait dans la tête de T., mais qu’une chose était sûre : jamais il ne l’avait vu autant amoureux avant moi.

Ce soir là, ils devaient se rendre ensemble à une soirée d’anniversaire à Liège. J’ai demandé à Jo d’essayer de comprendre, d’essayer de discuter avec T. de tout ça et d’essayer de lui faire comprendre qu’en ce moment, j’avais particulièrement besoin de lui.

Je n’ai pas eu de nouvelles d’eux de toute la soirée. Pendant ce temps là, j’ai pris la peine de tenter une conversation avec C. Je lui ai demandé comment il allait et s’il s’était renseigner auprès de son médecin concernant l’éventuelle présence de ce virus dans son sang. Il m’a répondu que ce n’était pas lui, qu’il en était sûr. Je n’ai pas pu m’empêcher d’être quelque peu sarcastique. Je lui ai simplement répondu : "Tiens ! Tu me parles maintenant?!"

La conversation s’est enchaînée. Je lui ai dit que j’étais désolée qu’il ait mal pris ce satané SMS, mais qu’il devait me comprendre. Après tout ce qui s’était enchaîné dans ma petite vie en à peine deux mois, j’avais été obligée de délimiter les étapes d’une façon ou d’une autre.

Il m’a dit qu’avec le recul, il comprenait mais que mon rejet l’avait vraiment blessé, il pensait représenter autre chose qu’un plan cul dépassé, pour moi.

Ses mots m’ont choqué. Je lui ai dit. Il avait représenté beaucoup plus que ça, mais il m’avait lui même rejeté en le comprenant. Il ne fallait pas inverser les rôles.

Le ton est redescendu. Je lui ai confié que lorsque je voyais une voiture ressemblant à la sienne, j’espérais toujours un peu que ce soit lui. Je lui ai confié que vu l’enchaînement des étapes, j’avais un peu perdu pied au milieu de tout.

Il m’a confié que ça le touchait et qu’il trouvait ça dommage ce qu’il m’arrivait.

Je lui ai confié que ça me bouffait de l’intérieur. Que je le vivais très mal et que je me sentais tellement sale.

Il m’a confié qu’il pensait que j’avais du faire confiance trop vite.

Je lui ai confié qu’à lui aussi, pour ne pas dire à lui d’abord, je lui avais fait confiance tout de suite.

Il m’a confié que je n’avais pas tort et que c’aurait pu être une grossière erreur s’il n’était pas en train de me jurer qu’il était sain et propre.

Je lui ai confié que de toute façon, cette chose dormait peut-être depuis des années en moi et que je ne le saurais jamais.

Il m’a confié que je n’avais peut-être pas tort, encore une fois, mais que cette crise qui se déclenche après un mois de relation avec quelqu’un que je n’avais encore jamais rencontrer avant, c’était quand même suspect.

Alors il pensait que ce virus venait de T. J’aimais T. J’étais incapable de croire qu’il puisse être le seul coupable de mon mal-être. Et en même temps, en une seconde, cette idée me glaça le sang. Mais quelle conne ! Pensais-je. Je me suis donnée sans concessions à un gars dont je ne savais rien. J’ai foncé les yeux fermés et le cœur confiant vers un gouffre sans fond.

Je me dégoûtais. Il me dégoûtait. Je m’en voulais tellement. Je pensais que ma vie était foutue, que je ne pourrais jamais plus avoir d’enfant, qu’aucun homme, jamais, n’aurait plus envie de moi compte tenu de tout ça.

J’en ai pleuré encore plus fort. J’ai continué à me confier à C., je lui ai dit que j’avais peur de tout ça. Peur de m’être souillée à vie, peur d’avoir tout foiré.

En soi, l’herpès génital n’est pas quelque chose de grave ni de dangereux. C’est quelque chose de dégradant et de honteux, ça oui. J’étais salie. Définitivement et éternellement salie par cette crasse.

Il m’a rassurée. Il m’a dit que ce virus ne m’empêcherait pas d’avoir des enfants. Selon lui, le plus gros inconvénient me concernait directement. Ces crises étaient susceptibles d’être espacées de plusieurs années ou d’à peine quelque mois. Tant que je ne faisais pas de crise, aucun risque. Bien qu’il valait mieux que j’utilise toujours une protection lors d’un rapport pour éviter de transmettre le virus à mon partenaire. Mais, souligna-t-il, étant donné que le virus venait sans doute de mon partenaire, pas de problème pour le moment.

Je lui ai demandé de me répondre le plus sincèrement du monde à une question : me considérait-il comme une fille sale ?

Ma question l’a choqué. Non ! Résolument non ! Naïve et fragile, ça oui, mais sale, non !

Je l’ai remercié pour son attention. Les antidouleurs que je prenais étaient relativement fort et m’assommaient après à peine une demi-heure, il fallait que je dorme.

Juste avant de remettre le PC sur ma table de nuit, j’ai vu que T. et Jo se reconnectaient presque en même temps.

Je n’avais plus de force. Plus d’envie. J’ai fermé le boitier de l’ordinateur et j’ai fermé les yeux.

(à suivre...)

Bien à Vous.

Malika