Malika Intimity...

Parenthèse... Maman...

J’aimerais vous parler d’Elle. La seule Elle avec une majuscule. Celle à qui je dois tout par dessus tout. Maman.

J’ai déjà beaucoup parlé d’Elle à travers mon Forum mais je voulais lui consacrer un article. Un article rien que pour Elle.

Elle, Elle était heureuse. Il fût un temps. Parce que je ne pense vraiment pas qu’Elle puisse encore l’être aujourd’hui. On ne peut pas être heureux de se détruire. On ne peut pas être comblé dans l’auto-dégradation.

Ma Maman, Elle se détruit. Elle se détruit avec l’alcool. J’ai essayé de l’en empêcher, d’ailleurs, ça fait 10 ans que j’essaie, presque onze. Mais Elle n’a jamais rien voulu entendre. Les deux-trois premières années, "NON, Elle n’était pas alcoolique!!"... ou en tout cas, Elle n’admettait pas le fait de l’être. Parce qu’Elle l’était. Depuis le jour où Elle a quitté papa à cause que lui-même l’était, Elle l’est. Ils se sont détruit ensemble mes parents. Sauf que Papa, il a su sortir du tourbillon. Papa, il a aimé des femmes qui ont pus l’aider. Maman, Elle a aimé et aime encore une sous-merde qui ne lui apporte rien, qui ne lui a jamais rien apporté et qui ne lui apportera jamais rien. Une sous-merde qui a juste trouvé les mots pour qu’Elle ait soif. Quelle mauvaise soif !

Elle était belle Maman. Elle était forte. Elle était patiente. Elle était… Et puis il y a eu lui, et Elle a arrêté d’être. Et ça fait mal. Ca fait tellement mal. Mais à part en souffrir, je n’ai jamais rien su faire.

Certains me diront de faire appel à une aide extérieur. Je pourrai. Mais j’aime Maman. Et Elle me détesterait si je faisais ça. Je le sais. Et je ne pourrai pas supporter que Maman me déteste. C’est égoïste en fait. Je suis égoïste. Mais Elle est tellement fragile. Elle l’est devenue avec le temps. Parce qu’avant, Elle ne l’était pas. Mais parfois, la vie fait que…

Ce qui me fait le plus mal, c’est que j’ai de plus en plus de mal au fil du temps de me souvenir d’Elle. Enfin, de me souvenir d’Elle AVANT. Avant il y a onze ans. Avant l’erreur. Avant le café. Avant l’alcool.

Parfois, le mot "avant" à un côté surréaliste. Si vous connaissiez Maman, les "Avants" du paragraphe précédent, vous les trouveriez surréalistes. Et ça fait mal.

Maman, c’était une bonne vivante. Elle aimait danser. Elle aimait chanter. Elle aimait faire son ménage en chantant et en dansant. En général, Elle écoutait Patrick Bruel, mais Elle ne le laissait pas chanter. D’aussi loin que je me souvienne, Elle chantait avant lui. Sur toutes les chansons. Elle connaissait tellement bien toutes les chansons qu’Elle n’avait pas besoin qu’il l’accompagne. Elle chantait avant lui. Et Elle aimait ça.

Parfois, Elle nous faisait chanter aussi. Elle nous faisait chanter : "Qui a le droit?" et on aimait ça. J’aimais tellement chanter avec Maman. J’aimais tellement la voir heureuse.

Je voudrais lui donner toute la force que j’ai. L’additionner à la sienne et lui permettre de cracher l’alcool. D’arrêter et de redevenir Maman. Si ce n’est pas pour moi, ce serait au moins pour mon petit frère et surtout pour Elle.

Son visage est tellement triste. Tellement rongé. Tellement abîmé. Tellement usé par les larmes et par la honte. Parce que même si Elle ne le montre pas, je sais qu’Elle a honte. Et j’ai tellement mal de sa honte. C’est douloureux de voir sa Maman avoir honte et ne pas être assez forte pour se battre et chasser cette honte. Enfin, si. Elle est assez forte. Je dirai plutôt qu’Elle n’est pas encore prête à accepter sa force. Au moins, en le disant comme ça, je garde l’espoir qu’un jour peut-être…

Je donnerai tout ce que j’ai, tout ce que je suis, TOUT si ça pouvait permettre à maman de redevenir Maman.

Elle me manque.

Je l’aime à en crever. J’ai tellement, TELLEMENT peur de la perdre à tout jamais.

Mais la vie a voulu que… Je voudrais lui dire les mots. Je voudrais qu’Elle les entende. Je voudrais qu’Elle réalise. Je voudrais…

Je l’aime…

Bien à vous.

Malika