Malika Intimity...

Ceux que j'ai aimés... (Chapitre 15)

Il n’était pas loin de vingt trois heures lorsque j’ai enfin vu son statut sur MSN passer de "Inactif" à "En ligne". D’entrée, je me suis jetée sur mon clavier pour l’accueillir mais je me suis arrêtée avant d’envoyer. Je ne devais pas paraître étouffante et il valait mieux attendre qu’il vienne vers moi.

J’ai quand même pris la peine, presque innocemment, de faire passer mon propre statut MSN de "En ligne" à "Hors ligne" deux trois fois d’affilées, juste histoire de lui faire comprendre que j’étais bien là et que j’attendais qu’il me donne le feu vert.

La petite fenêtre "C..... dit : "Salut petit cœur!" n’a pas tardé à s’afficher sur l’écran de mon ordinateur. Du coup, mon petit cœur à moi, il s’est emballé. Ça me faisait du bien ces petits papillons qui me dansaient dans le cœur et en même temps, ça me faisait un peu peur. Peur de me prendre un râteau. Un bon gros râteau humiliant. J’ai arrêté de penser à ça et je me suis concentrée sur la conversation.

J’ai à nouveau sauté sur mon clavier mais cette fois sans me freiner. Je l’ai salué et lui ai demandé comment il allait. L’introduction basique et plate d’une conversation mais il valait mieux rester discrète.

Il m’a tout de suite dit qu’il allait bien mais qu’il était toujours de la même humeur que la veille. C’est gentil de prévenir. Au moins, il me mettait tout de suite dans le bain. Soit j’enchaînais et je rentrais dans sa spirale, soit je me fermais et prenais le risque de le perdre. Encore un dilemme. Face à tous les dilemmes que j’avais rencontrés depuis le début de notre "relation", j’avais souvent choisi la situation qui me rapprochait de lui mais me dégradait. Je m’estimais de moins en moins. Je me sentais un peu "fille-facile" et ça me mettait relativement mal à l’aise.

Est-ce que me rapprocher de lui allait continuellement me dégrader ? Est-ce que me rapprocher de lui allait me coûter mon estime personnelle ? L’estime des autres ? En avais-je vraiment quelque chose à faire de l’estime que les autres pouvaient avoir de moi ? Et mon estime à moi de moi ?

Toutes ces questions qui me retournent la tête à chaque fois. Ces doutes et ces craintes de mal agir, envers l’Un, envers les autres ou envers moi-même. L’envie de croire en l’Un mais l’angoisse de décevoir les autres et la peur des regrets sur moi-même.

... Tant pis. Encore tant pis. J’avais encore envie d’être près de lui. Je m’en foutais du reste. "Le cœur a ses raisons que la raison ignore..." Tu l’as dit, Bouffi ! Et donc j’ai ignoré la raison et j’ai raisonné avec le cœur.

Je me suis donc laissé emporter dans sa spirale. Sa spirale de séduction. Je lui ai dit que j’avais apprécié son humeur de la veille. Plus cash et franc, je n’aurais pas pu faire. Forcément, il n’a pas laissé passer ma perche : "Tu voudrais encore apprécier mon humeur?"

Haha ! Il avait ce don de me mettre en position décisive et de généralement rester en position passive. Tout devait dépendre de moi. C’était facile et puis j’étais fragile.

J’ai répondu que oui, forcément. Il m’a dit qu’il n’avait plus assez d’essence pour venir me chercher mais que si je savais venir de mes propres moyens alors il n’y avait pas de problème, je pouvais venir.

J’avais la sensation de devenir dépendante de lui, j’aurais voulu qu’il m’ouvre son cœur et qu’on cesse ce jeu ridicule. J’aurais voulu qu’on puisse être autre chose que des amants dans le sens propre du terme, juste une fois. Bien sûr, il y avait eu le soir où J. l’a contacté pour qu’il me ramène chez moi, mais ça avait été provoqué et c’était différent. J’aurais sans doute voulu qu’il m’aime un peu. Ou beaucoup. Mais même juste un peu, ça m’aurait plut.

De chez moi à chez lui, à pied, j’en avais pour une bonne demi-heure. Adjugé. Je lui ai dit que je serai chez lui avant minuit et je me suis déconnectée. Je me suis rhabillée en vitesse, j’ai attrapé quelques affaires et je me suis mise en route. Pas le temps de penser. Pas le temps de réfléchir mais pas envie de réfléchir, donc…

Je lui écris : "Je viens de me mettre en route."
Il me répond : "Ok je t’attends, comment voudrais-tu apprécier mon humeur? :p"
Je lui écris : "Je ne sais pas, par exemple? :D"
Il me répond : "Je viens de me rendre compte qu’on n’avait pas encore fait ma position préférée..."

Waouh ! Merde ! Bordel ! Je ne savais pas quoi répondre… Et mon estime personnelle à moi de moi, que devais-je en faire ? Accepter la frustration et la dégradation pour un joli cœur de peur de le frustrer ? Ça aurait voulu dire me frustrer pour le combler. Jolie preuve d’amour… enfin, ça aurait pu s’il avait été question d’amour… Et encore une fois, j’ai dépassé mes limites, j’ai dégradé mon estime, je me suis frustrée, je l’ai comblé en ne sortant pas de sa spirale. Mais jusqu’où allait-il m’emmener ?

Je me souviens m’être sentie particulièrement amoureuse de lui ce soir-là. Il me troublait. Il m’embrouillait. Il me manipulait un peu sans doute. Ou beaucoup… mais, bon Dieu, qu’est ce qu’il me plaisait ! Qu’est ce qu’il me faisait fondre ! Qu’est ce qu’il était beau ! J’étais l’esclave de son charisme.

Les choses se sont passées à peu près comme la veille. À peu près. La soirée s’est relativement bien passée, rien de sentimental mais beaucoup de respect, de tendresse et de douceur. Je me suis encore endormie dans ses bras.

Au matin, vers 7h30, je me suis levée pour rentrer me laver, me changer et ensuite aller travailler. Je me suis rhabillée en évitant du mieux que je le pouvais de faire du bruit mais il a quand même fini par se réveiller. Il a déposé un tendre baiser sur mes lèvres et s’est recouché, quant à moi, je me suis dépêchée de rassembler mes affaires et de partir sur la pointe des pieds.

Cinq minutes après, j’étais déjà à l’arrêt de bus, je regardais dans mon sac pour vérifier que j’avais bien tous mes affaires. J’avais l’impression qu’il me manquait quelque chose d’important mais je ne voyais pas ce que ça aurait pu être. J’ai commencé à inventorier le contenu de mon sac-à-main : ma brosse à cheveux, mon portefeuille, mes lunettes de soleil, ma trousse de beauté, mon abonnement de bus, mon paquet de cigarette, mon briquet, mon agenda… je réfléchissais mais je ne voyais résolument pas. Et puis… Tilt ! Mon GSM ! Je n’avais pas mon GSM !

Ce même GSM dans lequel j’avais enregistré tous les SMS qu’il ne lirait sans doute jamais… que je ne voulais surtout pas qu’il lise !

(à suivre...)

Bien à vous.

Malika