Malika Intimity...

Ceux que j'ai aimés... (Chapitre 10)

Au fil de nos SMS, nous avons fini par parler de choses plus sérieuses. Au début, on se contentait de se dire qu’on se manquait, qu’on se sentait bien l’un près de l’autre et qu’on aimait passer du temps ensemble. Et puis il m’a posé cette question : "À quoi est-ce que tout ça va nous mener?"

Que fallait-il répondre ? Fallait-il lui dire à ce moment précis ce à quoi j’aspirais nous concernant ? Fallait-il tricher et continuer à suivre son opinion : rien de sérieux entre nous ? Ce que j’en pensais vraiment, c’est qu’il me plaisait énormément, que j’avais vraiment envie d’essayer quelque chose de plus "réel" avec lui. Mais il était tellement instable… Soudainement, je me suis à nouveau sentie totalement banale, à nouveau une fille comme les autres. Il n’attendait rien de moi…

Je lui ai répondu avec prudence : "Je ne sais pas vraiment, à quoi faudrait-il que ça nous mène?" Il m’a simplement demandé : "Si tu tombais amoureuse, tu me le dirais?"

J’avais peur… Était-il en train de reculer ? Prendrait-il lâchement la fuite si je lui disais que, oui, j’étais en train de tomber amoureuse de lui ? Je lui ai demandé : "Oui, mais si je te le disais, quelle serait ta réaction?"

J’avais encore plus peur… Comment un homme instable ayant peur de l’amour peut-il réagir à ce genre de paroles ? En prime, je me souviens très bien qu’il ne m’a pas répondu tout de suite à ce SMS. Il a laissé passer plus d’une heure. Je n’osais bien entendu pas insister, je me disais qu’après ce genre de SMS, il valait mieux attendre qu’il se manifeste… S’il se manifestait.

Finalement, il m’a répondu en s’excusant de son retard : "Désolé, je jouais au Scrabble. Si tu me le disais, on en discuterait. Tu es plus qu’une amie à mes yeux, forcément, mais je ne veux pas précipiter les choses."

Un espoir ! Je me suis emballée sur ce SMS. Plus qu’une amie; pas précipiter les choses… Pas précipiter, ça me semblait vouloir dire "faisable".

J’ai toujours eu du mal à comprendre le fonctionnement émotionnel d’une femme. Un SMS, un tout petit SMS, et j’étais déjà en train de lire entre les lignes, mon cœur s’est mit à battre de plus en plus rapidement et j’étais déjà partie dans mes pensées à m’inventer tous les plus beaux scénarios d’amour… Vraiment, je ne comprends toujours pas aujourd’hui comment peut-on se laisser submerger par les émotions de cette façon ?

J’ai préféré freiner la conversation : "Et bien il n’y a rien à en dire pour l’instant et si, comme tu sembles le craindre (petite attaque discrète… C’est bien un truc de femme aussi ça!), je venais à avoir l’impression de tomber amoureuse de toi, alors je t’en parlerai."

Allait-il avoir quelque chose à répondre ? Allait-il changer de sujet ? Allait-il rester en mode "Silence" ?

Il a changé de sujet. Il fallait que je me calme, que je gère mes émotions. NE PAS SE LAISSER SUBMERGER, MALIKA ! NE PAS SE LAISSER SUBMERGER ! C’est facile à dire…

J’ai finalement écrit tout ce que j’en pensais vraiment dans mon GSM. Un SMS enregistré dans le dossier "Brouillons". Et puis deux SMS… Au moins, j’exprimais dans ces SMS ce qu’il valait mieux cacher en réalité.

J’écrivais qu’il avait raison, que j’étais sans doute bel et bien en train de tomber amoureuse de lui, mais que je ne savais pas trop comment le lui dire… Comment dire à quelqu’un qu’on a envie de l’aimer quand on sait que cette personne risque de prendre la fuite alors que si on ne dit rien, le lien pourra perdurer ? Comment s’avouer à soi-même qu’on tombe amoureuse ? Comment l’assumer ? Comment être sûre de ce qu’on ressent ? Sans doute parce que, justement, on le ressent…

Après cette soirée chargée en émotions, on a arrêté de parler d’amour, je pense qu’il se sentait plus à l’aise en évitant le sujet.

Un soir, j’étais seule chez moi. Je me sentais seule. Je me sentais mal. J. était venu me parler sur MSN. Il me disait qu’il avait du mal à s’y faire, qu’il était retourné avec S., mais qu’il ne savait même pas s’il en avait vraiment envie ou si c’était juste parce qu’elle était libre et l’attendait. Je lui ai dit que je ne savais pas répondre à cette question pour lui et que de toute façon, je n’avais nullement envie de lui parler d’elle. Que je n’avais nullement envie de lui parler tout cours d’ailleurs. Je n’avais envie de parler à personne. Je me sentais seule, mais je n’avais besoin de personne.

Ce soir-là, je suis descendue dans la cuisine et j’ai ouvert le frigo. Dans la porte, il y avait une bouteille de Whisky et une autre de Coca… Whisky-Coca?... Je n’aime pas le Whisky, mais ces choses-là, il n’y a pas besoin de les aimer pour les apprécier… J’ai pris les deux bouteilles dans le frigo, un grand verre dans l’armoire et je suis remontée dans ma chambre.

J’allais noyer ma solitude… Je me suis servi un premier verre, bien servi le verre.

Une gorgée… Ca brûle la gorge… mais ça passe.
Deux gorgées… C’est dégueulasse en fait… mais ça réchauffe.
Trois gorgées… Comment peut-il y avoir des "amateurs" de Whisky?!
Quatre gorgées… Je n’ai aucune nouvelle de C. Je me sens seule...
Cinq gorgées… Je me sens un peu mieux…

À peine cinq minutes sont passées depuis que je suis revenue de la cuisine. À peine cinq minutes et je sentais déjà l’alcool me réchauffer les veines, le corps, le cœur… Quelle saloperie l’alcool !

J’ai pensé à maman. En général, à chaque fois que je bois un verre, bien que ce soit relativement rare, je pense à maman. Je pense à mon enfance, à sa souffrance. Je pense à cet endroit qui nous a tués. Ca fait mal de penser…

Six gorgées… Je veux m’assommer!
Sept gorgées… C’est marrant, ça à l’air meilleur...
Huit gorgées… Il fallait que je regoûte, c’est bel et bien meilleur !

Je sentais ma tête tourner et devenir lourde. Déjà? ! Quel saloperie cet alcool ! J’avais envie d’envoyer un SMS à C. Était-ce bien raisonnable ? Et ce Whisky qui me tapait dans la tête ! Saloperie d’alcool !

J’hésitais… Lui écrire ? Aller dormir gentiment et attendre le lendemain ? Lui écrire ? ... Neuf gorgées...
Dix.. Onze gorgées… Le verre est vide…

Je suis restée assise et immobile sur ma chaise pendant un certain laps de temps. Le regard égaré en direction des deux bouteilles…

J’ai fini par arrêter de réfléchir en me disant que "au point où j’en étais..." et je me suis resservi un grand verre, plus chargé en Whisky qu’en Coca, ça allait faire mal… Tant pis…

Une… Deux… Trois gorgées… Saloperie d’alcool !

Mon GSM… Je l’ai trouvé et je me suis laissé aller. J’ai sélectionné le numéro de téléphone de C. dans la zone "Destinataire" et j’ai écris : "Je viens de trouver la bouteille de Whisky de ma marraine dans le frigo, ce n’était pas un bon plan, ça fait mal au crâne, tu me manques... :$" ... Envoyer… Click ! ... En cours d’envoi… ... ... Message envoyé ! ... ... ... Message remis !

(à suivre...)

Bien à vous.

Malika