Malika Intimity...

Ceux que j'ai aimés... (Chapitre 8)

J’étais relativement mal à l’aise et je voulais simplement qu’il démarre rapidement pour ne plus être coincée entre eux deux. Lorsqu’il a quitté le petit parking, nous n’avions pas encore échangé un seul mot mis à part le classique "Bonjour".

Il a roulé deux ou trois minutes avant de briser le silence de la façon la plus simple et légère qu’il soit. Il m’a simplement demandé si j’allais bien. J’avais juste envie de pleurer. Non ça n’allait pas. J’étais en train de réaliser la trahison et l’humiliation que J. m’avait fait subir. Je lui ai dit qu’on avait déjà vu mieux mais que je commençais à m’y habituer, et j’ai conclu en le remerciant d’être passé me chercher.

Il n’y avait pas de quoi, m’a-t-il dit, de toute façon, il se sentait seul et puis ça lui faisait plaisir. Nous étions tous les deux assez mal à l’aise et la conversation s’est clôturée là pendant au moins encore un quart d’heure. Finalement, il a posé sa main sur ma cuisse, m’a caressé tendrement et m’a simplement dit : "Ça va aller Petit Cœur!"

Je me sentais déjà mieux mais j’avais besoin de cracher ma haine, alors je me suis laissé aller, je lui ai tout raconté de la conversation que J. et moi venions d’avoir. Je lui ai dit à quel point je me sentais sale, trahie et humiliée. Je lui ai dit je ne savais pas ce qu’il allait advenir de notre couple parce que ce soir, j’avais ressenti tout l’amour que j’éprouvais pour lui se transformer en haine au plus profond de moi-même.

Il m’écoutait sans m’interrompre. Quand mon ton devenait plus grave, il me regardait tendrement, comme s’il voulait m’apaiser et faire disparaître toute cette souffrance de mon regard. Et à vrai dire, ça me faisait le plus grand bien.

Je me sentais comprise. J’avais envie que ce trajet en voiture ne s’arrête jamais, je voulais juste rester là, assise dans cette voiture, observée du coin de l'œil par un nouvel ami, ou un ancien amant, ou une vieille connaissance, ou "un ex"... je ne savais même pas ce qu’il était pour moi, mais je me sentais simplement bien, ni plus, ni moins.

Nous étions presque arrivés en ville lorsqu’il a repris la parole. Il m’a demandé s’il devait me déposer directement chez moi ou si je voulais passer un peu chez lui. Je n’aimais pas cette question parce que, bien entendu, je mourrais d’envie de repasser chez lui, de m’enfoncer dans ses bras et de me laisser bercer par son souffle et ses caresses. Mais en contrepartie, je n’avais pas "rompu" avec J., bien qu’il ne nous restait plus beaucoup d’autres issues, je ne voulais pas me rabaisser à son niveau et le trahir.

Et donc je ne savais pas quoi lui répondre… Suivre mon cœur et mon instinct ? Suivre ma raison et mon bon sens ? Dilemme… Arrivés au rond-point décisif - s’il prend à gauche, on va chez lui, s’il prend à droite, on va chez moi - il m’a regardé droit dans les yeux avant de s’engager. Je ne lui avais toujours pas répondu.

Il a pris à gauche. Je n’ai pas relevé, je préférais me laisser aller à SON instinct ou SON bon-sens, c’est lui qui voyait. Au rond-point suivant, il a fait mine de s’être trompé de direction sans s’en être rendu compte et il est resté au centre du croisement afin de reprendre la route en sens inverse.

Donc tout devait dépendre de moi… OK ! J’ai attrapé son volant tout en le regardant droit dans les yeux à mon tour. Une fois les 360° accomplis, j’ai lâché les commandes et je lui ai dit de reprendre son chemin habituel. Je ne voulais pas franchir de limites irréversibles, au moins par respect, même si nous les avions déjà franchies quelques jours auparavant, mais je ne voulais plus penser, c’est mon cœur qui a eu raison ce soir là.

Une fois arrivés en bas de chez lui, il a éteint le moteur de sa voiture, et s’est tourné vers moi en reposant sa main sur ma cuisse, je me sentais assez maladroite, mais tellement mieux qu’une heure avant ! Il a souri et est sorti de la voiture. J’en ai fait de même et je l’ai suivi silencieusement jusque chez lui.

Nous nous sommes littéralement écroulés dans le lit, simplement bras dans les bras, pas de baisers, pas de gestes déplacés, rien qui soit, de près ou de loin, de la tromperie. Juste de la tendresse et de la chaleur. Notre présence mutuelle. Notre silence mutuel mais agréable et apaisant. Nous sommes restés chez lui une petite demi-heure.

Avant de repartir pour qu’il me ramène enfin chez moi, nous aurions pu franchir les limites que je ne voulais pas franchir. Il m’a regardé dans les yeux, nous étions serrés l’un contre l’autre, corps contre corps, avec pour seule barrière de sécurité nos vêtements qui n’étaient pas un réel problème. Nos nez se frôlaient et nos bouches se cherchaient. Nous nous rapprochions lentement et dangereusement, hypnotisés l’un par l’autre. Il ne restait que quelques millimètres pour me retenir à la raison lorsque j’ai tourné la tête. Je ne pouvais pas faire ça.

Il l’a compris et s’est contenté de poser sa tête contre mon épaule, juste quelques secondes et puis il s’est relevé, compréhensif mais désireux.

Nous n’avons plus parlé de J., c’était trop délicat. Lorsqu’il m’a ramenée chez moi, nous sommes encore restés pendant un quart d’heure à l’arrêt, devant ma maison. On parlait de tout et de rien, je me sentais tellement proche de lui ! Mais il fallait être raisonnable. Avant que je ne sorte de la voiture, il a posé un baiser délicieux d’interdit tout à côté de l’échancrure de mes lèvres. Je suis partie sans me retourner, sans doute l’air niais, le sourire aux lèvres.

(à suivre...)

Bien à vous.

Malika